Connaissez-vous le « métier » de claqueur ? Au XIXème siècle, point de triomphe au théâtre sans l’intervention de ces claqueurs, chargés d’applaudir à tout rompre, de lancer des bravos et, à la fin, de se lever pour assurer le succès de la pièce.

Fred Radix, qui avait déjà fait mouche avec Le siffleur, nous offre une comédie musicale pittoresque et drôle sur le sujet. 1895 : deux heures avant le début de son spectacle Auguste Levasseur apprend qu’il est lâché par ses claqueurs. Il charge son assistant Dugommier de trouver des remplaçants en urgence pour assurer le triomphe de la représentation du soir, une histoire complexe qui dure trois heures avec quarante musiciens, et une trentaine de décors ! Celui-ci les prend au hasard de la rue, les rassemble dans la salle pour une répétition et c’est nous, les spectateurs, qu’il somme de devenir en très peu de temps les claqueurs ! Au début notre non professionnalisme est évident, mais sous la direction d’Auguste Levasseur et de Dugommier, nous apprenons vite. Applaudir tous ensemble au signal, se lancer dans les huées sur un clin d’œil du maître du jeu, intégrer notre place parmi les différentes sortes de claqueurs – rieurs, chatouilleurs, commissaire, pleureuses – tout cela n’a rapidement plus de secret pour nous. Pour cette répétition il faudrait aussi l’orchestre. Qu’à cela ne tienne, Dugommier charge sa sœur, Fauvette, avec son accordéon de remplir cette fonction.

Ils ne sont que trois sur scène mais ils assurent la narration, très compliquée et tout à fait loufoque de la légende de Balbuzard, la partie musicale (tous trois chantent) et la direction des claqueurs.

Fred Radix, en alternance avec Christophe Gendreau, est un Levasseur élégant, maître du jeu et dirigeant avec autorité son malheureux assistant et homme à tout faire, Dugommier (Philippe Aymard en alternance avec Guillaume Collignon), qui se démène de la scène aux coulisses pour tenter d’éviter le désastre. Tous deux ont une habileté diabolique pour interpeller la salle avec humour, se moquer gentiment de l’un ou l’autre et mettre suffisamment le public en confiance pour qu’il se prenne au jeu et, sans même le vouloir, fasse tout ce qu’on lui demande. Quant à Alice Noureux, elle ne se contente pas de jouer de l’accordéon et de chanter, elle apporte son espièglerie au personnage de Fauvette.

C’est drôle, malin, le public se plaît à participer. Une jolie leçon de théâtre.

Micheline Rousselet

Jusqu’en décembre au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, 26 rue de la Gaîté, 75014 Paris – Lundi et mardi à 20h30, dimanche à 20h – Réservations : 01 43 20 60 56


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