Raphaëlle Boitel, chorégraphe et metteuse en scène, nous plonge dès l’ouverture du spectacle dans un univers futuriste inquiétant. En contre-jour dans un faisceau de lumière, une silhouette apparaît peu à peu évoluant avec des gestes mécaniques. Puis d’autres silhouettes suspendues à des cintres comme tombés du ciel s’animent telles des marionnettes engoncées dans de grands pardessus noirs sur une musique lancinante et répétitive. Dans ce monde d’anges déchus, les êtres humains qui se croisent sans se voir dans une course éperdue sont devenus des êtres robotisés soumis et surveillés. Mais malgré cet espace contraint surgissent des velléités de liberté vite réprimées. Attirée par une lumière extérieure, seule une femme accroupie résiste proférant des paroles inintelligibles. Elle est le grain de sable qui va enrayer la mécanique de cet environnement métallique.

S’ensuivent des tableaux d’une beauté stupéfiante mêlant chorégraphie circassienne, danse et théâtre où les anges déchus cherchent à retrouver leurs ailes pour rejoindre la lumière. Au sol ou sur des agrès en mouvement, ils essaient d’échapper à leur enfermement. Les prestations de Sonia Laroze, Emily Zuckerman et Clara Henry sur mât chinois et poutre aérienne sont sidérantes. Les projecteurs et les bras articulés, aussi bien caméras de surveillance qu’astres convoités, campent des personnages à part entière, tantôt drôles ou inquiétants, qui dialoguent avec les êtres humains ou les menacent.

Pour créer son spectacle, Raphaëlle Boitel a demandé à ses interprètes d’improviser à partir de thèmes ( le formatage, la disparition de l’organique, la sur-technologie, la transmission des savoirs, la question de l’identité ou de l’interdit…). Tristan Baudoin et Arthur Bison, présents aux répétitions, transcrivaient en lumière et en musique les propositions. Le résultat remarquable fait apparaître toute la dimension poétique, chorégraphique, théâtrale, picturale et cinématographique de l’œuvre. On pense à Magritte, à Soulage, à Charlie Chaplin et aux films muets.

Un spectacle fascinant qui mêle les arts vivants à recommander et à offrir pour les fêtes.

Frédérique Moujart

Jusqu’au 31 décembre au théâtre du Rond Point , 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt. Paris 8e du mardi au samedi à 19h30 – Mardi 13 décembre, 14h30 – Dimanche 18 et samedi 24 décembre, 15h – Samedi 31 décembre, 18h30 – Relâche : les 11 et 25 décembre. Réservation : 01 44 95 98 21ou www.theatredurondpoint.fr. En tournée : 28 février 2023 théâtre Equilibre -Nuithone à Fribourg (Suisse) –3 et 4 mars 2023 Théâtre municipal de Grenoble (38) – 7 mars 2023 Lele. Bron (69) – 10 et 11 mars 2023 Le Manège / Scène Nationalede Maubeuge (59) – 14 et 15 mars 2023 Opérade Massy (91)


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