Une nouvelle critique pour une pièce déjà évoquée : 31727
Auteur de pièces devenues des classiques du théâtre de Boulevard telles «F leur de Cactus» ou « L’or et la paille» , Pierre Barillet écrivit d’autres comédies en collaboration avec Jean-Pierre Grédy. Dans «L’ombre de Stella» qu’il écrivit seul, il met en scène une star de cinéma pendant la période de l’occupation à travers le regard de sa secrétaire particulière.
Mylène, issue d’un milieu populaire, avait débuté une carrière d’actrice dans « Typhon sur Macao » un film dont Stella était la vedette. Une gifle échangée a été le déclencheur d’une amitié sans doute profonde mais orageuse qui aura duré des décennies.
Stella connaît la gloire dans les années quarante, passe ses nuits chez Maxim’s et dans les boîtes en vogue, fréquente le beau monde et des officiels.Elle laisse dans l’ombre sa secrétaire à qui elle impose ses caprices, ses humiliations, ses crises de nerfs mais à qui elle témoigne ponctuellement et en filigrane, son attachement et une évidente dépendance.
Mylène, personnage fort en gueule dicte à la bande d’un magnétophone les souvenirs en vrac de cette association tumultueuse, dans une langue imagée relevée de ses accents faubouriens.
Denis D’Arcangelo, acteur de théâtre et de cabaret, le créateur travesti de la célèbre «Madame Raymonde » prend à bras le corps de personnage de Mylène et ressuscite sous nos yeux, celui de Stella avec en alternance émotion, cruauté, une amitié mêlée de jalousie et de rancœur quand lui revient en tête sa carrière d’actrice sacrifiée et sa vie toute dévouée à une femme dont la sincérité des sentiments la questionne encore.
Qui aura été le mauvais démon de l’autre ? Mylène a-t-elle trahi Stella dans un moment de jalousie ?
Stella a-t-elle sacrifié Mylène au poteau de sa célébrité ?
Barillet a écrit une pièce dont une première partie touche à la franche comédie même si, en arrière-plan, le contexte de l’occupation laisse planer un goût d’amertume.
Mais bientôt le personnage débridé de Mylène se charge d’émotion et le climat de la pièce s’alourdit pour toucher au drame.
Et c’est dans ce contraste, dans la gradation progressive des atmosphères que « Stella » puise sa profondeur.
Denis d’Arcangelo est une Mylène facétieuse dont les arrogances verbales et les manières tapageuses cachent à peine les signaux d’une âme généreuse.
Francis Dubois
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30. Relâche les lundis, les 21, 25 mai et le 4 juin
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21
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