Théâtre : L'abattage rituel...

L’auteur dramatique britannique, Dennis Kelly, aussi auteur de scénarios pour le cinéma et la télévision, nous emmène à la découverte de Gorge Mastromas. Nous le rencontrons enfant, plutôt gentil, mais est-ce par bonté ou par lâcheté nous interroge la pièce ? Poussé par le climat du capitalisme sauvage des années 90, il bascule dans le mensonge, la corruption, le mépris de toute morale, n’hésitant pas à broyer les autres pour parvenir à ses fins, pour toujours plus d’argent et de pouvoir. Mais au final où en est-il ?

Dans ce conte noir c’est la question de la place de l’individu que pose Denis Kelly. Dans une société décomplexée où triomphent les opportunistes et les cyniques, qui ne se cachent même plus pour bafouer la morale la plus élémentaire, quelle est la place de la liberté et de la responsabilité individuelle ?

Théâtre : L'abattage rituel...
Théâtre : L’abattage rituel…

La pièce alterne narration et scènes dialoguées. Au début on suit le récit au passé de l’enfance de Gorge. Chacun des six acteurs est, à tour de rôle, Gorge ou l’un de ceux qui entrent en relation avec lui, le tout sur un rythme rapide. Ensuite l’auteur emprunte des chemins plus compliqués et les séquences jouées s’enchaînent, passant de la vérité à l’illusion, parfois comme dans un cauchemar. La très intelligente mise en scène de Maïa Sandoz joue des accélérations et des surprises. Le décor est simple. Gorge est, seul ou avec d’autres, sur une sorte d’estrade qui tourne. La richesse ruisselle en paillettes sur un Gorge ébloui. Parfois un cadre de lumière l’isole avec Louisa, comme piégé dans un espace qui les couperait des autres, parfois c’est le public que cible les phares. L’environnement sonore participe à l’émotion avec Christophe Danvin qui joue de la guitare sur scène.

Maïa Sandoz travaille avec des acteurs qui la suivent depuis plusieurs années, dans le collectif L’argument, et l’on ressent bien la cohésion de la troupe. On citera spécialement Aurélie Vérillon, vive, surprenante, énergique et Adèle Haenel en executive woman autoritaire à l’humour dérangeant.

On sort bousculé de cette pièce qui manie l’humour noir pour nous renvoyer à une société où les puissants ne se donnent même plus la peine de camoufler le mensonge, le mépris dans lequel ils tiennent les plus faibles et qui sont prêts à écraser tous ceux qui ne servent pas leur intérêt.

Micheline Rousselet

Mardi, mercredi, vendredi à 20h30, le jeudi à 19h30

Théâtre des Quartiers d’Ivry

Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat, Ivry-sur-Seine

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 90 11 11

En tournée ensuite

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