Julien Gallix, auteur et comédien de J’oublie tout, accueille chaque spectateur qui entre d’un check accompagné d’un Salut, merci d’être venu  et il se présente : Je m’appelle Julien Marie Gallix. Cette complicité qu’il crée dès le début avec nous spectateurs va se poursuivre tout au long du spectacle pendant lequel il ne va pas nous « lâcher », nous regardant fixement, rebondissant sur nos réactions. Il nous entraîne dans son histoire qui tout en étant simple va nous happer pendant une heure dix.

Il raconte comment lui, le jeune Montpelliérain désœuvré, mal dans sa peau, ayant l’impression de ne compter pour rien, de n’exister vraiment pour personne va avoir une véritable révélation en entendant la musique du rappeur marseillais Jul dans sa vieille Twingo. Cette rencontre va transformer sa vie. Jul devient son modèle, son idole. Il écoute sans cesse sa musique. Il veut lui ressembler, le rencontrer, même s’il sait que c’est mission impossible, réussir comme lui. Cette rencontre l’amène à prendre sa vie en main. Il s’inscrit à la fac de droit à la Sorbonne, monte à Paris, participe à un concours de plaidoirie où il va en finale et découvre à cette occasion son envie de faire du théâtre.

La mise en scène minimaliste de Louis Meignan, le décor très sobre (deux maillots de foot, une veste de jogging, un tee-shirt noir et une chemise blanche) font ressortir l’intelligence du texte et la belle présence scénique de Julien Gallix. Entre fiction et éléments autobiographiques, il nous entraîne de Montpellier au dôme de Marseille à Paris avec beaucoup d’humour, de réalisme et de poésie. Des moments magiques ou d’une drôlerie irrésistible : l’ode à sa vieille twingo de 2007, cocon protecteur où il fait tout, son voyage à Marseille pour essayer d’assister au concert de Jul, sa vision dans l’église quand la Vierge lui apparaît et lui révèle qu’il porte le même nom que son idole, Jul, dont le vrai nom est Jul Mari et qu’il est l’Elu…

Julien Gallix est un auteur et un comédien très prometteur. Son spectacle enchante les jeunes trentenaires et quadragénaires qui étaient dans la salle ce soir-là mais il s’adresse aussi aux quinquagénaires et plus qui n’ont pas eu de twingo mais une 2 chevaux ou une 4L. Pas besoin non plus d’aimer Jul pour apprécier sa prestation. Il a su donner à cette histoire personnelle une dimension universelle. C’est toute une réflexion sur la recherche d’identité des jeunes qui ne savent pas comment exister dans une société qui leur vend des rêves inaccessibles, une jeunesse qui a besoin de mythes et de héros.

Frédérique Moujart

Jusqu’au 11 décembre, les mercredis à 21h – Théâtre la Flèche, 77 rue de Charonne, Paris 11ème – Réservations : 01 40 09 70 40 ou info@theatrelafleche.frFestival off 2025 à Avignon – La Factory – Chapelle des Antonins à 22h

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