Nous avions annoncé ce festival initié par le Docteur Gilles Roland Manuel, qui propose une approche inclusive originale mêlant autistes et artistes. Plus de quarante institutions spécialisées et associations accompagnantes ont travaillé pour présenter cette Jeanne d’Arc qui mêle chant, musique, théâtre et danse.
Gilles Roland Manuel a écrit ce texte qui nous propose une version plus historique et politique de la Pucelle que la Jeanne mystique habituellement offerte, une Jeanne entourée de Charles VII, dont elle était peut-être la sœur cachée, d’Agnès Sorel, de Yolande d’Aragon et de Gilles de Rais, sans oublier l’évêque Cauchon. Il a imaginé une troupe menée par un certain Victor, partie en Afrique pour y représenter un spectacle sur Jeanne d’Arc et dont l’avion est tombé dans le désert les laissant aux prises, en attendant les secours, avec ce que chacun veut faire de cette histoire et un Victor obsédé par Jeanne.
C’est un théâtre forain astucieux qui se déploie sur la scène du théâtre des Variétés dans la mise en scène d’Olivier Tchang Tchong. Dans un décor vide à l’image du désert où est venue s’échouer la troupe, évolue une trentaine d’acteurs. Il y a là un comédien professionnel, quatre acteurs handicapés, comédiens professionnels du Théâtre du Cristal, les autres sont de jeunes acteurs dits autistes. Ils changent de costumes et se partagent les rôles, chantent et dansent. Trois tulles tendus où sont projetés des images parfois réalistes mais le plus souvent oniriques créent un univers où l’Histoire voisine avec le rêve. Maëva Clamaron nous y accompagne avec son clavier et sa voix pleine de charme. Gilles de Rais apparaît dans une loge, inquiétant à souhait puisque c’est Denis Lavant, qui a souhaité aider le projet, qui l’incarne.
On oublie complètement de s’attarder sur qui est ou n’est pas autiste, on regarde la troupe nous raconter cette aventure, on est admiratif du travail qui a été réalisé pour permettre à tous ces acteurs de raconter cette histoire où le sérieux alterne avec la comédie, on se réjouit avec eux de leur réussite et on partage leur plaisir à venir saluer à la fin. Tout semble naturel et dans cette création, l’art n’apparaît pas comme un supplément d’âme, mais comme un vecteur de création, d’émancipation, de socialisation et d’originalité où artistes, autistes et éducateurs tissent ensemble une même œuvre. On salue bien sûr le gigantesque travail d’accompagnement des éducateurs et des artistes professionnels qui ont concouru à cet émerveillement.
Micheline Rousselet
27, 29 et 30 juin à 20h30, dimanche 1er juillet à 16h
Théâtre des Variétés
7 boulevard Montmartre, 75002 Paris
Réservations : 01 42 33 09 92
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