C’est le troisième opus de la série commencée il y a dix ans avec J’ai trop peur où David Lescot envisageait les affres d’un garçon à l’aube de son entrée en Sixième, suivie par J’ai trop d’amis retraçant les premiers jours de ce nouveau parcours. Cette fois la classe du garçon, la Sixième D, doit partir en classe verte.

Pour que la classe parte, il faudrait que toute la classe puisse partir. Une fois ce problème résolu et les inquiétudes de ce départ loin des parents apaisées, il faut affronter la vie à la campagne. On est loin du calme et du silence imaginés. Réveil matinal, bruits des animaux, éducation à la dure par l’adolescente qui l’accueille dans la ferme, habitudes bousculées même lors des heures de cours, tout est nouveau. La vie à la campagne s’avère plus difficile que prévu, mais est aussi source d’apprentissages et de découvertes, celles des autres, les copains de classe vus dans un nouveau contexte, l’adolescente campagnarde et … les légendes bretonnes !

David Lescot a un réel talent pour entrer, avec leur langage, dans le monde et les préoccupations des jeunes ados. Narration et dialogues s’enchaînent avec fluidité. C’est vivant et drôle comme lorsque le prof de math fait faire aux enfants un problème sur les difficultés du financement de la classe verte, ce qui les rend « verts de rage », ou lors de la vente d’objets et de gâteaux pour compléter ce financement. Le gamin qui ne voulait pas partir par peur d’être malade doit finalement être rapatrié pour allergies envahissantes, car la nourriture saine et l’air trop pur ne lui conviennent pas ! Les sujets autour de l’agriculture intensive ou de l’agriculture écoresponsable apparaissent sans prêchi-prêcha à l’occasion de situations concrètes, tout comme les approches différentes des petits citadins et des jeunes ruraux.

David Lescot utilise le même dispositif scénique très simple que pour les deux premières pièces de la série, une sorte de longue boîte semée de trappes et d’ouvertures d’où peuvent sortir un pupitre de classe ou disparaître ou apparaître un personnage. Les bruits de la ferme ponctuent la narration. Le metteur en scène a gardé les mêmes comédiennes (Lyn Thibault, Élise Marie, Sarah Brannens, Lia Khizioua-Ibanez, Marion Verstraeten, Camille Bernon) en alternance. Elles peuvent interpréter tous les rôles et sont excellentes aussi bien en garçon très impliqué dans cette classe verte qu’en petite sœur un peu agaçante, mais elle aussi impliquée car elle a entrepris de convertir toute la famille à l’éco-responsabilité ! À la famille qui les a accueillis tout comme aux parents lors des départs, les enfants ont dit « vous allez nous manquer ». À nous aussi !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 16 novembre au Théâtre de la Ville-Sarah Bernhardt, 2 place du Châtelet, 75004 Paris – horaires variables à vérifier sur le site du théâtre, relâches le mardi 5 et le lundi 11 novembre – Intégrale de la série les samedis 9 et 16 novembre et le dimanche 10 à 11h, 14h et 17h – Réservation : theatredelaville-paris.com ou 01 42 74 22 77 – Nombreuses dates et lieux de tournée en région à retrouver sur le site

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