En septembre 2016 Hugues Duchêne fraîchement sorti de l’Académie de la Comédie Française imagine une pièce qui traiterait de l’actualité et de l’évolution politique de la France. Elle commence en 2016 et se termine le jour où elle est jouée devant les spectateurs, évoluant au gré des événements. L’auteur annonce qu’il va partout où il se passe quelque chose, jouant de son bagout et de son culot, agitant sa carte de l’Académie de la Comédie Française ou un appareil photo, criant « presse » comme sésame pour approcher des gens qu’il ne pourrait pas approcher autrement. Il court les meetings, y grappille des phrases, des images, fait des photos et met tout cela en scène accompagné par ses complices de la Compagnie Le Royal Velours. Il va ainsi côtoyer des hommes de pouvoir, mais aussi « des hommes sans pouvoir » et il mêlera à l’histoire politique quelques événements personnels, naissances ou deuils.

Le premier opus rassemblait les trois premiers épisodes de cette série, qui en comporte six, le premier consacré à l’année électorale 2016-2017, le second à l’actualité judiciaire avec le procès des antifascistes puis celui du frère de Mohamed Merah, le troisième à l’année parlementaire 2018/2019 occasion de s’interroger sur l’idée que l’on se fait de la représentation nationale et sur les formes nouvelles du clivage droite-gauche.

Place donc aux trois derniers épisodes. Le quatrième démarre avec l’affaire Griveaux et l’importance extravagante prise par l’image et sa diffusion sur les réseaux sociaux dans la vie politique. Dans le cinquième épisode, le confinement, conséquence de la pandémie, pousse notre héros à aller voir ailleurs et à s’interroger sur ce qu’il reste de l’influence française sur la scène internationale. Quant au dernier épisode il nous emmène dans la dernière campagne électorale au plus près de l’équipe d’Eric Zemmour, au cœur de ses meetings.

Comme dans toutes les séries il y a un « previously » qui permet au spectateur de ne pas être perdu s’il n’a pas vu les trois premiers épisodes ! Pour le sérieux il y a la référence aux analyses du sociologue Christophe Guilluy, sur La France périphérique et des graphiques sur l’écran. Pour être au plus près de l’histoire en train de se faire il y a des vidéos et de la musique. Sur scène, c’est un véritable ballet qui défile de Gaspard Ganzer à Cédric Villani, François Ruffin, Anne Hidalgo en passant par Frédéric Beigbeder. On passe des bureaux de vote aux appartement des confinés, de l’observation des voisins par les fenêtres aux grands meetings de l’actuelle campagne électorale.

Même si on peut déplorer quelques longueurs liés au désir de vouloir parler de presque tout, le projet est réussi et se termine en apothéose. Il fallait oser, le résultat est insolent, souvent très drôle et la troupe a une formidable énergie. C’est vivant, parfois hilarant parfois désolant, mais toujours plein d’humour.

Micheline Rousselet

20 et 21 avril au Théâtre de Vanves (92), le 30 avril à la Maison de la Culture d’Amiens, le 5 mai au Centre Culturel Athéna à La Ferté Bernard (72), le 14 mai au Phénix à Valenciennes, le 21 mai à la Maison des Arts et des Loisirs de Laon (02), du 7 au 26 juin au Théâtre 13 – Glacière à Paris, le 2 juillet au Festival Malaze à Annecy, le 27 août au Festival Pampa à Sainte-Foy-la-Grande (33)

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