Le mouvement de la Rose Blanche est un mouvement de résistance, fondé par des étudiants en 1942. Révolté contre la dictature hitlérienne, l’élimination des malades mentaux et des Juifs et les souffrances causées par la guerre, le groupe imprime et distribue à Munich des tracts dénonçant la guerre et l’idéologie nazie. Ses membres sont arrêtés en février 1943. Hans Scholl, l’un des fondateurs du mouvement, sa sœur Sophie et Christoph Probst sont guillotinés le jour même de leur condamnation à la fin d’un procès express. Au total seize membres du réseau paieront de leur vie, pour la plupart par exécution, leur résistance au nazisme.
L’acteur Antoine Fichaux a souhaité faire connaître l’histoire de ces jeunes, morts il y aura bientôt quatre-vingt dix ans, en raison de leur lutte contre les ravages de l’endoctrinement par un régime totalitaire. Le beau texte de Geoffrey Lopez et sa mise en scène leur rendent un bel hommage.
C’est un jeune homme, Franz Weissenrabe, interprété par Antoine Fichaux, qui se tient devant nous sur la scène. Il est dans la prison de Stadelheim attendant son exécution et le doigt tendu vers ses juges il dit les mots qu’a vraiment prononcés Hans Scholl « un à un vous tomberez. Dans quelque temps c’est vous qui serez à notre place … la jeunesse allemande se souviendra, elle ne vous pardonnera pas ». On repart ensuite en arrière dans la vie du personnage, imaginé par l’auteur : une enfance où les jeunesses hitlériennes apparaissent comme un grand camp scout où on s’amuse avec les copains mais où apparaissent vite ceux qui ont l’étoffe de petits chefs et les faibles que l’on méprise et harcèle. Au nom de la grandeur de l’Allemagne des enfants sont prêts à dénoncer leurs parents et le culte du Führer s’accompagne d’une montée de la haine des Juifs. Étudiant en médecine il est envoyé sur le front russe et découvre les horreurs de la guerre. C’est dans une soirée étudiante que Franz rencontre Hans et Sophie Scholl. Il les suivra dans leur action, sera arrêté, condamné et exécuté avec eux.
Antoine Fichaux est seul sur scène. L’éclairage sombre est celui de la prison où Franz, en maillot de corps, écrit son histoire. On revient à son passé, sa jeunesse où on le voit enfiler avec orgueil l’uniforme allemand des jeunesses hitlériennes puis le moment où, beaucoup moins convaincu, il le refait pour aller à la guerre mais avec cette fois l’excuse d’un brassard de médecin. À la fin, tandis que des centaines de petites pastilles de lumière blanche semblent tomber des cintres, flocons de neige de février ou tracts lancés dans la cour de l’Université et les rues des villes allemandes, et que les noms des condamnés défilent, blancs sur le mur noir, on entend la voix de Franz. Elle dit « Ce n’est pas difficile de mourir. Il faut juste se laisser aller. Vivre demande plus d’exigence »
Une pièce pleine d’émotion, portée par un très bon acteur, qui appelle à se souvenir d’eux et à résister à tous les totalitarismes.
Micheline Rousselet
À partir du 15 décembre 2022 au Théâtre des Variétés, 7 bd Montmartre, 75002 Paris – du jeudi au samedi à 20h, le dimanche à 17h – Réservations : 01 42 33 09 92 ou www.theatre-des-varietes.fr
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