Théâtre : j'ai rêvé la Révolution

Olympe de Gouges, révolutionnaire et femme de lettres, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne meurt guillotinée en 1793. C’est en s’inspirant librement de sa vie et de sa mort, mais en pensant aussi aux femmes qui aujourd’hui encore luttent, parfois au péril de leur vie, pour faire triompher leurs idées, que Catherine Anne a écrit ce texte.

Quatre personnages sont sur scène. Olympe de Gouges arrive dans sa prison avec comme seul bagage son cahier dont elle refuse de se séparer, proclamant « J’écris pour exister. Rien ne me fera taire ». Elle croit en la Révolution, refuse de s’enfuir car elle a foi dans la loi et veut être jugée par le Tribunal Révolutionnaire où elle espère pouvoir défendre ses idées. Elle refuse de voir que la Terreur l’a emporté et que de nouveaux despotes ont remplacé les anciens. Face à elle, son geôlier, un jeune homme intransigeant, qui croit en la Révolution et obéit aux ordres, même si parfois le doute l’effleure. Il veut garder la tête froide et refuse d’être « embrouillé par les jacasseries des femelles », Olympe et sa propre mère. Celle-ci, illettrée, a pitié de la prisonnière et se sent au fil des jours de plus en plus d’affinités avec elle. Trop de sang coule, elle a peur pour son fils mais refuse d’être seulement au service de cet homme sans avoir le droit de donner son point de vue et s’interroge sur cette Révolution dont elle attendait tant : « nous réclamons du pain, on nous saoule de sang ». Le dernier personnage est la belle-fille d’Olympe de Gouges. Elle tente de la sauver en la faisant fuir, puis devant son refus essaie de récupérer ses écrits mais lui reproche son opiniâtreté qui les met tous en danger.

Théâtre : j'ai rêvé la Révolution
Théâtre : j’ai rêvé la Révolution

Catherine Anne a mis en scène son texte qui fait la part belle à des phrases qui s’inscrivent dans nos mémoires. Dans la scénographie imaginée par Élodie Quenouillère, les murs de la scène sont couverts de chemises, traces de tous les guillotinés de la Terreur, qui se teinteront de rouge par le jeu des lumières quand il deviendra évident qu’Olympe de Gouges est condamnée. Une moitié de la scène, lumière froide, demi-pénombre, lit de fer est la cellule d’Olympe de Gouges, l’autre moitié, lumière plus chaude est la cuisine où évolue le gardien et sa mère. Le monde extérieur nous arrive par les sons : bruits de serrure, échos de chants révolutionnaires, mais aussi bruits de voitures, de klaxon car les combats sont toujours actuels. Le jeu sur les costumes va dans le même sens. Intemporels au début, ils deviennent plus typiques de la période révolutionnaire tout en laissant place à nouveau à la modernité à la fin de la pièce.

Catherine Anne est Olympe de Gouges avec toutes les facettes de la révolutionnaire. Déterminée à faire triompher ses idées elle est ironique et, sûre d’elle en tant que révolutionnaire et femme de lettres, cherche à déstabiliser son jeune gardien. Mais auprès de la mère du jeune homme, il lui arrive de baisser la garde et de révéler sa fragilité et sa peur. L’actrice excelle à faire entendre sa voix publique et ses peurs privées, son amour pour son fils, le regret du goût des cerises et de la Révolution dévoyée. Pol Tronco sait nous faire sentir les hésitations du jeune gardien. Haut et fort il affirme sa foi en la Révolution et les jugements sommaires du Tribunal Révolutionnaire tout comme sa certitude de la supériorité des hommes, mais on le sent troublé par ce qu’il voit, les charrettes conduisant en masse à l’échafaud les députés élus peu avant et devenus brusquement des traîtres. Enfin Luce Mouchel donne à cette femme illettrée qu’est sa mère une intelligence et une humanité lumineuse.

Un très bel hommage à Olympe de Gouges et aux femmes qui continuent à lutter dans le monde pour être enfin considérées à l’égal des hommes.

Micheline Rousselet

Lundi, mardi, vendredi 20h, jeudi 19h, samedi 18h, dimanche 16h, relâche le mercredi

Manufacture des Œillets, 1 place Pierre Gosnat, Ivry-sur-Seine

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 90 11 11

– 8 et 9 mars : Théâtre du Sillon à Clermont l’Hérault, 15 et 16 mars : Théâtre de Privas, 3 et 4 mai : Théâtre des Halles à Avignon

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