Théâtre : J'ai rencontré Dieu sur facebook

Comment une lycéenne sans histoire se laisse-t-elle séduire et tromper par un discours intégriste porté par un garçon qui lui promet le paradis et l’amour et veut l’entraîner loin des kouffars (les mécréants, les infidèles) en Syrie ? Cette question obsède les parents qui se sont trouvés face à des enfants, les leurs, qui ne partageaient plus les valeurs qu’ils leur avaient inculquées et étaient prêts à partir sur un front de guerre, pour lutter pour un monde moins matérialiste et plus conforme à leur foi.

Théâtre : J'ai rencontré Dieu sur facebook
Théâtre : J’ai rencontré Dieu sur facebook

Depuis 2012 Ahmed Madani développe un projet qui s’intéresse à la vie et aux espoirs de la jeunesse des quartiers populaires. Cela a donné de belles réussites comme F(l)ammes un spectacle d’une énergie folle, qui donnait la parole aux filles et a tourné dans toute la France. Il s’attache cette fois à l’influence des réseaux sociaux, dans ce texte qu’il a écrit et met en scène.

Nina vit seule avec sa mère. Fragilisée par la mort de sa meilleure amie, elle rencontre sur les réseaux sociaux, Amar aux paroles enjôleuses, qui lui promet le bonheur dans un endroit merveilleux où elle vivra avec lui entourée de « sœurs » et se chargera de missions exaltantes comme s’occuper d’orphelins perdus et des blessés, tandis que des esclaves régleront les questions matérielles. Certes dans ce paradis on fait la guerre aux infidèles, mais c’est pour l’avènement d’un monde meilleur ! Sa mère n’a rien vu venir, mais finit par découvrir la vérité.

Le texte d’Ahmed Madani renvoie à des situations dont la presse a largement rendu compte. La scénographie est tout aussi simple mais efficace. Deux entrées permettent d’assurer l’intimité de la chambre de Nina et celle de sa mère en train de corriger des copies. Pour Nina il y a un ordinateur et sur le mur du fond l’image d’Amar en train de la convaincre, devant un rideau couvert de caractères arabes. Ce sont les face à face entre la jeune fille et sa mère qui sont au cœur de la pièce. Mounira Barbouch et Louise Legendre font entendre leur voix, passant de la tendresse à l’opposition. La mère évoque son pays l’Algérie, sa propre mère, les hommes qui voulaient, au nom de la tradition, l’empêcher d’assister à l’enterrement du corps de sa mère, les années noires où sa nièce fut égorgée pour l’exemple afin de dissuader les filles d’aller à l’école. Ces informations arrivent au fil des dialogues avec délicatesse sans volonté didactique apparente. Mounira Barbouch est la voix de ces femmes qui ont choisi l’émancipation et l’éducation, même si c’est parfois difficile. Louise Legendre a la vivacité et l’engagement des adolescents généreux et passionnés, qui font trop confiance aux informations qui leur viennent des réseaux sociaux. Même si le retournement est un peu caricatural, on se laisse entraîner par ces dialogues simples et tout à fait appropriés pour lancer un débat avec des adolescents.

Micheline Rousselet

23 novembre à 14h et 20h, 24 novembre à 20h à Magnanville

12 au 15 décembre à 20h à la Maison des Arts de Créteil

10 janvier à 20h30 au Moulin des Muses à Breuillet

12 janvier à 21h à Brétigny-sur-Orge

15-16 janvier à 19h30, 17 et 18 janvier à la Comédie de Picardie à Amiens

Autres dates à Vernouillet, Aubergenville, Clermont L’Hérault, etc

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