Un metteur en scène, Richard, en mal d’argent, accepte de venir animer un atelier théâtre dans une Centrale. Il est secondé par une de ses anciennes actrices, Alice, qui fut accessoirement sa femme, et par une jeune assistante sociale. Loin de l’assistance nombreuse qu’il espérait, seuls deux détenus se présentent, un jeune chien fou Kevin et son ami Ange. Le cours s’avère difficile avec un Kevin surtout intéressé par les seins de l’actrice et Ange, enfermé dans le mutisme et qui n’est venu que pour accompagner son ami. Le metteur en scène va tenter de les faire parler de leur vie et de leurs rapports avec ceux du dehors.
Alexis Michalik prouve une fois de plus son habileté à tresser des histoires, à donner vie à des personnages et à créer les rebondissements qui attachent le spectateur comme dans un polar. Le découpage des scènes, très cinématographique, donne un rythme rapide à la pièce. Sur le plateau nu de la prison, des chaises et une table où les personnages se relaient. Nul besoin de décor pour changer de lieu. On glisse de la prison à l’extérieur, chez l’ex-femme de Richard, on passe de la cellule de Kevin et Ange au bureau du juge, qui récapitule la déjà longue carrière dans la délinquance de Kevin. Le metteur en scène peut devenir directeur de la Centrale, Alice peut se métamorphoser en juge, tout cela se fait avec une rapidité et une fluidité surprenantes.
Une bande son évoque les bruits de la prison, portes qui se ferment, cris lointains et la musique de Raphaël Charpentier vient soutenir l’émotion.
Alexis Michalik a su s’entourer de cinq bons comédiens. Fayçal Safi est un Kevin qui parle haut et fort avec la tchatche des jeunes des quartiers, qui ne sait pas se maîtriser et apparaît vite condamné à l’enchaînement des enfermements. Son codétenu Ange (Bernard Blancan tout en retenue) va lui apprendre à canaliser la violence qui l’habite, le ramener vers la société des hommes et peu à peu révéler sa propre histoire. Paul Jeanson est Richard, le metteur en scène, en panne dans sa vie professionnelle comme dans sa vie amoureuse, et Alice de Lencquesaing, la jeune assistante qui impose peu à peu sa présence. Jeanne Arènes est l’actrice, Alice, capable de changer de rôle en un clin d’œil et de faire passer le spectateur du rire aux larmes. On les écoute avec bonheur. Leurs histoires sont pleines d’émotions et de rires comme la vie … et comme le théâtre.
Micheline Rousselet
Du mardi au samedi à 21h et en matinée le samedi à 16h
La Pépinière Théâtre
7 rue Louis-Le-Grand, 75002 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 61 44 16
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