Face à leur destin – Épisode 3

En 2012 Ahmed Madani démarrait le projet de mettre en scène des jeunes, femmes et hommes non professionnels, nés de parents immigrés et vivant dans des quartiers populaires. Le premier épisode Illumination(s) mettait en scène des jeunes hommes d’origine algérienne, habitant le Val Fourré, le second F(l)ammes donnait la parole aux jeunes femmes, à leurs stratégies pour arriver à s’intégrer sans rompre avec leur culture d’origine, à leur habileté à jongler entre tradition et modernité. Voici donc le dernier chapitre de la trilogie.

Les jeunes vont évoquer leurs parents, leur histoire, leurs préoccupations. Dans cet épisode l’horizon n’est plus limité aux jeunes issus du Maghreb ou des anciennes colonies d’Afrique, une Polonaise se faufile au milieu d’eux. Tous ont le téléphone greffé dans la main, tous ont des rêves d’émancipation. Se libérer du milieu qui enferme, des parents qui bloquent les amours, des lois du quartier, surtout celle qui impose aux filles de se taire et de se faire invisibles. Sans pudeur déplacée ils se demandent s’ils ont été des enfants désirés, ils évoquent leur éveil à la sexualité et leurs premiers émois amoureux.

Ils sont neuf, âgés de vingt à trente ans. Ahmed Madani les a choisis parmi une centaine de jeunes rencontrés dans une douzaine de villes de France. Il les a écoutés, s’est nourri de leur histoire, de leurs interrogations les plus intimes. À travers leur parcours Ahmed Madani retrouve aussi son propre chemin de fils d’immigré. Son écriture trouve un ton qui fait mouche, entre drôlerie, humour, éloquence, fierté et fragilité, jubilation et malice. Les acteurs n’hésitent pas à interpeller la salle. La vidéo les montre enfermés chacun dans une caisse, image de toutes ces contraintes sociales qui pèsent sur eux. Et pourtant chacun d’eux existe. Et comme le dit l’un d’eux à propos des papiers « Il y a la loi et il y a la vie. Alors on s’arrange avec la loi car il faut vivre ».

Sur scène ils parlent, racontent des histoires de famille parfois farfelues, chantent, dansent, utilisent la langue des quartiers. « Il a cloqué ma mère pour me faire » dit la blonde antillaise délurée. La parole se bouscule, la gravité ne dure pas. L’humour parfois teinté d’une ironie un peu amère prend vite le dessus. On se laisse emporter par leur énergie, par leurs aspirations. Et l’on se prend à rêver d’un monde meilleur pour cette jeunesse incandescente et si attachante.

Micheline Rousselet

Des dates de tournée sont annoncées : 7 janvier le Libournia à Libourne – 13 janvier le Phénix à Valenciennes – 26 et 27 janvier Agora Desnos à Evry – 29 janvier Les Passerelles à Pontault-Combault – 3 au 7 février MC93 de Bobigny –

Nombreuses autres dates de tournée prévues sur le site madanicompagnie.fr

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