Partant du téléphone portable, le poète suisse Narcisse, créateur de spectacles mêlant poésie, musique et vidéo, dont on avait beaucoup aimé Toi tu te tais en 2018, va dérouler une histoire de l’Humanité des premiers pas jusqu’à nos jours et … à ce fameux téléphone. Dater les débuts de l’humanité pose déjà problème selon que l’on est anthropologue, historien, biologiste ou physicien. Quant à la suite de l’aventure, Narcisse examine avec humour les différentes explications possibles de la survie de notre espèce : intelligence supérieure, vie en société, développement du langage et de l’écriture, capacité à développer un imaginaire riche ? Au passage il nous parlera du goût du beau, de l’art. Ainsi la poudre noire a été inventée pour faire des feux d’artifice et ce n’est que 600 ans plus tard que l’on a eu l’idée de l’utiliser dans des canons. Finalement ce sont les échanges et la collaboration d’humains de toutes sortes qui ont fait ce qu’il y a « d’humain chez l’être humain ».

Pour raconter cette histoire il s’intéresse à tous les individus, hommes, femmes, personnes non genrées, et à toutes les cultures. Il fait appel à des spécialistes de sciences différentes, généticiens comme Albert Jacquard, philosophes comme Michel Serres, astrophysiciens comme Hubert Reeves, paléontologues comme Pascal Picq, psychologues comme Boris Cyrulnik, et bien d’autres encore comme des historiens et des ethnomusicologues.

S’appuyant sur leurs citations qui s’inscrivent au fil du récit sur des panneaux lumineux, Narcisse déroule en paroles, en musique et en chansons, avec son style empreint de poésie et d’humour, cette histoire qui a fait de nous des humains. La mise en scène pleine d’empathie de Jean-Philippe Daguerre accompagne cette création où l’informatique est mise à contribution avec une précision remarquable. Accompagné d’un formidable guitariste, Robin Pagès (en alternance avec Gaétan Lab) Narcisse invite sur scène une vingtaine d’artistes parmi les plus influents de la scène artistique et musicale suisse, sous forme d’hologrammes. Tout au long du spectacle interviennent à ses côtés, se succédant ou se répondant, une violoncelliste, un formidable percussionniste mandingue (blanc, ce qui permet quelques commentaires plein d’humour sur certaines dérives critiques), une chanteuse lyrique et un rappeur, une violoniste et un joueur de djembé, un hautboïste baroque et un danseur de hip-hop sans oublier un drag-queen, tous en hologrammes. De ces rencontres souvent emplies d’humour naît une beauté qui nourrit les propos de Narcisse. Sérieux, incandescent, passionné, drôle, moqueur, critique et optimiste malgré tout, il est passionnant et magnifique.

Micheline Rousselet

Spectacle vu au Studio Hébertot à Paris – du 7 au 29 juillet à Avignon (84000) au Théâtre La Luna (salle 1), 1 rue Séverine, à 11h20 – Réservations et informations : 04 90 86 96 28 et www.theatre-laluna.fr

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