Théâtre : Hedda

Lors d’une soirée Hedda, jolie, timide en raison d’un léger bégaiement, rencontre un jeune homme séduisant et sûr de lui. Il l’invite à dîner, une histoire d’amour commence, elle adore qu’il l’aime. Il lui dit ce qu’elle doit faire, porter des talons pour être admirée par exemple ou prendre des bains froids pour s’endurcir. Ils vivent ensemble et ont un enfant. Elle est éditrice, un jour il l’humilie à son travail et un soir il la frappe. « On devrait se méfier des débuts d’histoire d’amour, noter avec exactitude tous les détails » dit, après-coup, Hedda. Elle a fait son sac pour partir, puis l’a vidé et est restée. Il a demandé pardon, la vie a continué, les coups aussi et un cortège d’interdictions, d’obligations et d’humiliations. Elle n’est pas partie, elle n’a voulu se souvenir que de la joie de l’amour et elle est restée, attendant le coup de trop.

Théâtre : Hedda
Théâtre : Hedda

Pour autant Hedda n’est pas seulement un spectacle sur les violences faites aux femmes. La violence domestique qui se développe alors que l’amour est encore là, le mutisme et la solitude des femmes qui vivent dans la terreur de leur compagnon sans arriver à en parler et, parfois, la peur d’hommes qui découvrent la violence dont ils sont capables, c’est cela qui a interrogé l’actrice Lena Paugam. Elle a demandé à l’écrivaine Sigrid Carré-Lecointre, avec laquelle elle avait déjà collaboré, d’écrire un texte qui dise les paradoxes du sentiment amoureux, les peurs qui se vivent dans l’intimité amoureuse. Le résultat est un beau texte qui rend compte de la complexité des sentiments humains tout en s’autorisant des évasions poétiques.

Sur scène une pièce qui ouvre sur une salle de bain, car dès le début le rituel du bain joue un rôle majeur dans l’histoire amoureuse d’Hedda et de son compagnon. Les lumières (Jennifer Montesantos) d’abord brillantes comme la joie de l’amour deviennent bleutées comme l’eau et comme la marque des coups sur la peau. Lena Paugam est seule en scène. Elle est le narrateur qui raconte le souvenir de certains faits, en proposant simplement une interprétation. Elle est aussi Hedda et son compagnon, chacun écrivant sa propre histoire à partir des faits et l’actrice, formidable, glisse avec fluidité d’un personnage à l’autre. Elle passe de l’éblouissement de l’amour à la peur. Ses mains caressent comme si c’était son amant qui était avec elle. Sa voix enfle de colère à l’hôpital, quand elle ne veut pas que l’on condamne cet homme qui perd les pédales mais qu’elle continue à aimer. A la fin, elle s’effondre, elle lâche prise, son corps ne lui appartient plus et l’on en sort bouleversé.

Micheline Rousselet

Du mercredi au samedi à 19h, le dimanche à 15h

Théâtre de Belleville

94 rue du Faubourg du Temple, 75011 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 48 06 72 34

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