On est en 1959. Un jeune couturier Henri Lartigue vient d’hériter d’un hôtel particulier qui appartenait à son père dont il n’a fait la connaissance que deux mois auparavant et qui vient de mourir dans un accident. Heureux de cette aubaine il prévoit d’ouvrir sa maison de couture dans trois jours, mais l’hôtel est encore habité par la sœur de son père qui rechigne à partir. Bien des gens se pressent autour d’Henri à la veille de l’ouverture, son assistante, sa fiancée et son amie, sa tante et son amant, un ancien ami réapparu et même un policier.

Le théâtre immersif commence à se répandre dans Paris. Le public se déplace de pièce en pièce, écoutant les conversations des personnages comme une ombre que les acteurs semblent ne pas voir. Il y a presque toujours plusieurs possibilités et chaque spectateur choisit son parcours, du moment qu’il y a une porte ouverte ou qu’on ne lui en ferme pas une au nez. Comme il s’agit d’un polar où les intrigues se croisent et s’entrecroisent, il suppute et tâtonne. Pourtant il faut bien qu’à la fin tous avancent dans la résolution de l’énigme à moins qu’un dernier rebondissement n’ouvre une nouvelle brèche !

Haute couture est un hommage aux films noirs des années 50 et à l’univers de la mode. Machinations, mensonges, trahisons, violences se succèdent. De rebondissements en fausses pistes, on croise des intrigants, des ambitieux, des aventurières, un voyou séduisant, un flic pas très net et quelques cadavres. Le spectateur peut passer d’une scène angoissante et violente à des moments de comédie, du monde élégant de la haute couture à celui implacable des truands. Bien que chacun ne voie qu’une partie des événements, l’histoire est si bien ficelée qu’à la fin chaque spectateur dispose de toutes les informations pour s’y retrouver.

Immergé dans le décor d’un hôtel particulier avec ses lustres de Murano et un mobilier d’époque, dans des éclairages qui créent des zones d’ombre et de lumière très marquées, au plus près des acteurs en costumes typiques des années 50, les spectateurs, dont le nombre est limité à 60, supputent, hésitent, changent leur point de vue.

On tient là un bel exemple de théâtre immersif. L’écriture et la mise en scène (Jean-Patrick Gauthier et Frédéric Texier) servis par de bons acteurs tiennent en haleine le spectateur en le plongeant dans un bain d’émotions. Un spectacle très réussi pour les fêtes de fin d’année … et après aussi.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 31 décembre du mardi au vendredi à 18h30 et 21h, les samedis à 17h et 20h, le dimanche 18 décembre à 15h30 et 18h, relâche le mardi 20 décembre – Prolongations à partir du 6 janvier les vendredis, samedis et dimanches – Hôtel Kergolay Langsdorff, 9 rue de l’Amiral d’Estaing, 75016 Paris – Réservations : www.5eacte.fr/haute-couture-polar-immersif.html

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