Une femme arrive de la salle, se plante devant nous plonge ses yeux dans les nôtres et se met à parler. Une vie vide (« cuite, drogue, baise »), la rencontre d’un homme dans un aéroport, pas son genre a priori, mais ils se plaisent, il la fait rire, « ils font l’amour comme si la paix dans le monde en dépendait ». Ils vivent ensemble, ont deux enfants et elle, si peu sûre d’elle, commence son ascension professionnelle. Elle parle d’elle, analyse le monde qui l’entoure, son couple, ses relations avec ses enfants, un fils et une fille, dont les disputes reflètent parfaitement les stéréotypes de genre. Cela commence en histoire de couple, légère, avant de basculer dans le drame.

L’écriture de Dennis Kelly est précise, crue, radicale. Son théâtre raconte l’humain sans complaisance. Cette femme parle cash. Ce qu’elle raconte c’est un schéma classique, un couple qui se délite, les paroles de mépris puis la violence qui explose, celle de l’homme car c’est à peu près toujours ainsi.

La mise en scène de Chloé Dabert, sensible et tranchante comme le texte de Dennis Kelly nous accompagne au bord du gouffre. Des parois d’acier coulissantes ferment la scène et quand l’actrice les entr’ouvre c’est pour parler aux enfants invisibles qui se disputent ou pour boire une bière et réfléchir. A la fin, des ombres légères d’enfants passeront sur ces parois.

Bénédicte Cerutti est drôle, concrète, bouleversante. Dés le début elle instaure une complicité avec les spectateurs, elle les fait passer du rire à l’inquiétude jusqu’au cataclysme final qui les laisse dévastés. Elle est formidable.

Micheline Rousselet

Du 4 au 30 janvier au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin Roosevelt, 75008 Paris – du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30 – Réservations : 01 44 95 98 21

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