Pourquoi Galilée nous fascine-t-il ? D’abord et surtout parce que, en rupture avec son époque, il a validé la thèse de Copernic signant la fin du géocentrisme, en affirmant que c’est la Terre qui tourne autour du Soleil, ensuite parce qu’il est le père de la lunette astronomique enfin parce qu’il est celui qui a jeté les bases de la méthode scientifique moderne. Et puis ses démêlés avec l’Église nous passionnent. Obligé d’abjurer en 1633 pour éviter la triste fin de Giordano Bruno, brûlé sur le bûcher de l’Inquisition, il ne renonce pas. On lui interdit l’astronomie, alors à 70 ans, il se consacre à la physique expérimentale et réussit à faire publier son dernier grand ouvrage aux pays-Bas.

Ce récit a été confié au comédien Jean Alibert par Marco Paolini, un des auteurs les plus connus du théâtre-narration italien initié par Dario Fo. Le texte nous permet de comprendre l’élaboration de la pensée de Galilée, nous fait partager ses découvertes tout en nous racontant la vie tumultueuse de cet homme qui préféra les mathématiques à la médecine et trouva toujours le moyen, par la force de sa pensée et de son génie, de trouver des protecteurs influents, le Doge de Venise, le Duc de Florence Cosme de Médicis, le Cardinal Barberini, futur pape Urbain VIII.

Dans une mise en scène de Gloria Paris, simple et précise, Jean Alibert captive le public. Il n’a besoin que de peu d’accessoires : une tablette pour présenter une gravure essentielle pour illustrer les thèses qui s’opposaient sur la question du géocentrisme, une reproduction du texte de Galilée sur la découverte des quatre satellites qui tournent autour de Jupiter et qu’il avait appelés « astres médicéens », un bonnet d’âne dont l’acteur se coiffe pour l’abjuration. La densité du propos scientifique est animée par les anecdotes sur la vie du mathématicien, ses relations avec les autres scientifiques, avec les Jésuites, avec le Pape. On s’attache à ce savant qui a des problèmes d’argent et de temps pour ses recherches. Alors quand les dons de ses protecteurs ne suffisent pas, il utilise ses talents de mathématicien pour vendre des horoscopes aux grands de ce monde et il se débrouille pour obtenir un poste à l’Université sans obligation d’enseigner !

Le visage expressif, modulant sa voix, interpellant parfois le public, Jean Alibert avec humour et simplicité raconte la vie du savant, trouvant des équivalents drôles et quelquefois anachroniques pour faire comprendre ce qu’avaient de révolutionnaires ses découvertes et leurs conséquences. Il nous peint un génie mais aussi un homme de chair et de sang et c’est passionnant.

Micheline Rousselet

Production Théâtre de La Reine Blanche – Spectacle vu le 21 mai 2022 au Panthéon à Paris

Tournée : 28 juillet 2022 au Festival Théâtre dans les alpages à Saint-Gervais Mont Blanc à 19h45 – 6 octobre 2022 Le Scarabée, 7 avenue du Général Leclerc, 78320 La Verrière à 14h30 et 20h30

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