Un jeune actif, Frantz, commence à s’interroger sur sa vie trop bien réglée, les jours qui s’écoulent identiques, son travail dont il a perdu le sens, ses soirées beuveries avec ses collègues et ses rapports à sa hiérarchie très insatisfaisants. L’annonce au téléphone de la mort de son père le projette dans le passé et au bord du gouffre jusqu’à ce qu’il se décide à trouver un autre chemin.
Pour évoquer cette vie, au départ si banale, Marc Granier aussi auteur du texte, a conçu un dispositif très particulier. Sur scène un homme est couché, Paul Ménage qui interprète Frantz. Il mime son quotidien, se lève, se lave, prend son petit déjeuner, avance vers son supérieur hiérarchique avec une déférence qui touche à la servilité. Sur le côté de la scène un homme assis (Louis Kientz) est le narrateur. Lorsqu’il se lève, il devient le père, un père aimant, exigeant mais plein d’humour, que Frantz rejoint, parlant cette fois, pour revivre des moments du passé. Les flash-back alternent avec des retours au mime. Pour compléter le dispositif, trois bruiteurs sont installés à l’arrière de la scène, dans un espace qui pourrait évoquer l’atelier du père avec deux petites tables et un mur d’outils et d’objets. Avec une perceuse, une ponceuse, des clés, à mollette ou non, un petit seau, des tuyaux, des bouts de tissus et autres carabistouilles ils créent le monde sonore du quotidien qu’ils complètent en faisant du grommelot, quand il s’agit d’évoquer des discussions peu claires, où le ton compte plus que les mots.
Les différents niveaux s’ajustent avec une précision parfaite pour créer un univers proche de celui des films de Tati ou des Triplettes de Belleville. Mime et bruits apportent à nos vies banales de pauvres humains de l’humour et une ironie bienveillante.
Micheline Rousselet
Du 3 au 26 octobre au Théâtre des Déchargeurs – 3 rue des Déchargeurs, 75001 Paris – Réservations : 01 42 36 00 50 – du dimanche au mardi à 19h
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