Bien qu’il s’interroge un peu sur les qualités du prétendant, le Roi de Bavière prévoit de marier sa fille avec le Prince de Mantoue pour assurer la paix du Royaume. Dans les rues de la ville des jeunes gens traînent leur spleen et leur désœuvrement et le vin et l’amour ne suffisent plus à les sortir de leur désenchantement. C’est alors qu’au passage du cercueil du Bouffon du Roi, tout juste décédé, il vient à l’idée d’un des leurs, Fantasio, criblé de dettes et revenu de tout, de prendre sa place au Palais. Mais son arrivée à la Cour va y semer le désordre en faisant échouer ce projet de mariage politique. Même s’il le paie d’un passage en prison, il se réconcilie avec lui-même et retrouve sa liberté.

La Compagnie de L’Éternel Été, après avoir travaillé sur des auteurs contemporains, s’empare désormais de textes du répertoire. Elle avait créé un Molière très dynamique et original avec Les Fourberies de Scapin il y a trois ans et se plonge cette fois dans la langue de Musset. La mise en scène d’Emmanuel Besnault est toujours dans l’esprit de la comedia dell’arte. Masque de Roi Soleil pour le Roi, masques blancs pour les courtisans, masques de corbeaux pour les croque-morts (créations de Juliette Paul). Le travail sur les costumes et les maquillages de Valentin Perrin joue sur les couleurs et le style.

On frôle le burlesque avec la Princesse Elsbeth (Elisa Oriol) parée de robes et de coiffures extravagantes. Benoit Gruel interprète un Fantasio, vêtu du costume bariolé et du chapeau rouge du Bouffon, se moquant des élites du royaume et devenant l’allié de la Princesse par une sorte d’alliance des jeunes contre leurs aînés pour faire échouer ce mariage désastreux. Manuel Le Velly incarne le Prince de Mantoue vaniteux et colérique comme un enfant, dont la stupidité contraste avec l’intelligence et le sens politique de son aide de camp Marinoni, qu’interprète Lionel Fournier vêtu très sobrement de noir. Deniz Türkmen complète la distribution jouant aussi bien un des jeunes gens désabusés du début que la Gouvernante de la Princesse.

Tous débordent d’énergie, arrivent à passer du sérieux au clownesque et deviennent régulièrement musiciens et chanteurs, s’emparant de reprises de Nick Cave, David Bowie et d’autres encore. Ainsi Saint James Infirmary accompagne le passage du cercueil du Bouffon et Don’t let up, don’t let down des Beatles clôt la pièce.

Une fois de plus ils séduisent par leur esprit décalé et facétieux.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 27 mars au Théâtre du Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs, 75006 Paris – du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h ou 17h –

Réservations : 01 42 22 66 87 ou www.lucernaire.fr

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