Le metteur en scène Romeo Castellucci s’est inspiré de l’œuvre la plus difficile, mais aussi la plus célèbre, du philosophe hollandais Spinoza. Il a prévu de proposer cinq actions théâtrales correspondant aux cinq livres de l’Ethique. La première action, qui a été présentée à la Biennale de Venise en 2013 et est reprise ici, porte le titre du livre 2 « De la nature et l’origine de l’esprit ».
Les spectateurs entrent sur scène à travers une silhouette féminine découpée dans du contreplaqué. Ils découvrent une jeune femme vêtue d’une longue robe suspendue par un index, très haut dans les cintres. Si nous avons peur pour elle, craignant qu’elle ne tombe, elle ne semble pas avoir peur. Elle est plutôt dans l’élan et parle. Elle dialogue avec un gros chien qui se promène sur scène, passant entre les spectateurs debout et qui, parfois, miaule. Il prête sa voix à une caméra et dialogue avec la femme qui est la Lumière. Il y a aussi un troisième personnage, l’Esprit qui réagit aux paroles des deux autres. Il est multiple et apparaît comme un puzzle de corps nus que l’on aperçoit entremêlés à travers la silhouette découpée en fond de scène. Il devient aussi plante, squelette, long voile mortuaire.
L’objet du dialogue n’est pas ce qui importe le plus. On peut toutefois y voir un écho des préoccupations de Spinoza dans le livre 2 de l’Ethique. Les idées spontanées des choses, mélange de perception et d’imagination, sont inadéquates, comme en témoigne l’étonnement qui saisit le spectateur à la vue d’un chien qui miaule. La perception fait appel à nos représentations imaginaires, nous ne pouvons qu’avoir peur devant cette jeune fille suspendue ainsi. Et pourtant elle est très calme et concentrée sur ce qu’elle dit.
Mais plutôt que de chercher du sens, ne vaut-il pas mieux se laisser aller à l’imagination face à la beauté et à l’étrangeté des images créées. C’est au talent de plasticien de Romeo Castellucci qu’il convient de rendre hommage ici. L’esprit du spectateur reçoit l’image créée dans l’esprit de l’artiste et lui donne forme. C’est ce que souhaitait Romeo Castellucci.
Micheline Rousselet
Lundi 7 et mercredi 9 mars à 20h30, mardi 8 mars à 19h30, vendredi 11 et samedi 12 mars à 18h30 et 20h30, dimanche 13 mars à 15h et 17h
Théâtre de Gennevilliers
41 avenue des Grésillons, 92230 Gennevilliers
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 41 32 26 26
Le théâtre de Gennevilliers présente aussi, du 15 au 19 mars, un travail de Silvia Costa qui est la collaboratrice artistique de toutes les productions théâtrales et lyriques de Romeo Castellucci intitulé Quello che di più grande l’uomo ha realizzato sulla terra
www.theatredegennevilliers.com
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