Originaire de La Réunion, Lou Lubie a publié plusieurs BD, dont Et à la fin, ils meurent. Elle y revisite les contes de fées, avec un grand sens de l’humour et de la dérision, en mettant en lumière les versions authentiques où ne manquent ni l’inceste, ni les meurtres, ni les viols et les mutilations et où les Princes ne sont pas si charmants que cela !
Antoine Brin en signe l’adaptation et la mise en scène pour le théâtre. Avec un ton décalé, il met en regard diverses versions des contes, Le petit chaperon rouge, Cendrillon, La petite Sirène par exemple, et d’autres moins connus. On navigue dans le temps, de l’ancêtre Giambattista Basile avec Le conte des contes, àGrimm dont il met la version d’origine en regard de celle de Perrault sans oublier l’adaptation populaire qui en a été faite. Il ne recule pas devant les anachronismes, ainsi le Prince doit battre la campagne pour trouver celle dont le pied entrera dans la pantoufle parce qu’il n’a pas son 06 ! Il n’hésite pas à convoquer avec une certaine ironie Bruno Bettelheim pour son interprétation de ces contes. Ce faisant il met à bas leur prétendue naïveté, révèle la violence, les incohérences et surtout le sexisme, que nos yeux d’enfants avaient occultés.
Dans un décor ouvertement bricolé, avec une tour et un arbre découpés dans du carton peint, les comédiens, vêtus de bric et de broc, jouent avec une fausse naïveté les différents personnages, narrent le conte ou s’interrogent sur sa signification. Pierre-André Ballande incarne le roi, qui traverse bien des contes petite couronne sur la tête, Virgile Daudet le Prince toujours beau, mais pas toujours bien futé, Leïla Moguez l’héroïne malmenée, avant que tout ne finisse bien, et Clara Leduc (ou Eugénie Gendron) une fée bien ancrée dans le féminisme.
C’est drôle, enlevé et complètement dans l’esprit d’une BD.
Micheline Rousselet
À partir du 19 mars à La Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, 75018 Paris – du mercredi au samedi à 19h – Réservations : 01 42 33 42 03 ou manufacturedesabbesses.com
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