À la fois autrice, metteuse en scène, comédienne et physicienne, Elisabeth Bouchaud a fait du Théâtre de la Reine Blanche qu’elle a crée et dirige « la scène des Arts et des sciences ». À l’heure où se répandent des fake news qui vont à l’encontre des connaissances scientifiques établies, il apparaît clairement que la compréhension du monde nécessite quelques notions de science. Partant de ce constat et de l’idée que la culture scientifique fait partie de la culture en général qui doit être partagée avec le plus grand nombre, Elisabeth Bouchaud a choisi de lui donner toute sa place dans ce théâtre. La Reine Blanche produit des pièces qui retracent l’histoire des idées à travers ceux et celles qui les ont portées. Ce furent Ettore Majorana le génial physicien mystérieusement disparu en 1938 (Majorana 370), Galilée (Galilée le mécano), Marie Curie (Le paradoxe des jumeaux), etc. Cette année dans la série Les fabuleuses, qui seront jouées entre le 27 mars et le 9 juin, EliSabeth Bouchaud dresse le portrait de trois grandes savantes, Lise Meitner, Jocelyn Bell Burnell et Rosalind Franklin, qui toutes trois se sont vues évincées du prix Nobel au profit de leurs collègues masculins. Elle voit là une occasion de traiter un sujet qui lui tient à cœur, l’invisibilisation des femmes, et de leur faire la part belle, d’autant plus qu’elle a choisi deux jeunes metteuses en scène pour accompagner ses textes.
Situé dans un quartier populaire de Paris, celui de La Chapelle, le théâtre de la Reine Blanche irrigue aussi le tissu culturel du quartier avec des lectures, des débats avec des experts autour des œuvres présentées. La série des Savants sur les planches a ainsi mis en résonance la parole d’un scientifique parlant au public de ses recherches, avec une performance artistique, théâtre, danse, cirque, etc… Si le théâtre a réussi à se doter d’une école de formation de l’acteur, certaines expériences importantes comme des programmes destinés aux élèves de primaire et de maternelle ont malheureusement dû être interrompus, faute de crédits.
Un théâtre qui défend la place des sciences et celle des femmes comme celui-ci mérite d’être largement soutenu !
Micheline Rousselet
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