
Au début du 20es. Sigmund Freud invente la psychanalyse… En résumé, la Science de l’Inconscient, c’est un concept structurant et une méthode d’investigation : Le Refoulé et la Libre association. Un siècle plus tard, Leslie Cassagne et Noémie Le Lay-Mérillon inventent le théâtre Destop. Ces deux jeunes comédiennes prolongent Tonton Freud dans la fantaisie en se livrant à un défoulement poétique, symptomatique et zygomatique, et en faisant de l’association d’idées le principe créatif d’un jeu théâtral décapant !
Tout commence par une tentative de séance de méditation Zen de pleine conscience… Tentative, car que se passe-t-il quand on reçoit l’injonction de se détendre et de ne plus penser à rien ? Fatalement, on stresse et on pense à tout, à tout ce qui nous passe par la tête ; pire on passe par tous les affects associés à ces pensées qui s’enchaînent comme des guirlandes sauf qu’on n’est pas à Noël et qu’en bonne ménagère de moins de cinquante ans, on a gardé ses gants de vaisselle en latex rose ou bleu.
Alors la méditation s’emballe et devient une opération de nettoyage en profondeur : récurage, débouchage, vidage de poubelle, vidange d’un quotidien sans vie d’ange ! La performance théâtrale est drôle et grave, tragi-comique, philosophique et délirante, sans queue ni tête et pleine de sens, personnelle et universelle, féminine et féministe. Les deux comédiennes, appellent cela une « méditation abrasive » et en effet, ça gratte plus que Les méditations métaphysiques du grand Descartes qui, à part son Malin Génie, nous endort grave avec l’introuvable existence de Dieu et la mortelle immortalité de l’âme… Destop se veut « stand up » mais c’est plus que cela, peut-être une nouvelle forme théâtrale qui met le divan à la verticale telle une fusée, et permet un formidable décollage poétique embarquant un public rendu vite complice. Les thèmes ? Être soi, le dimanche, la tristesse, le ménage et les méninges, les séparations amoureuses, la société en vitrine, l’époque assez désespérée, les adultes désespérants et deux artistes décapantes ! Un catalogue à la Prévert… « C’est un espace où on fait briller, on lustre nos “moi” parfois un peu engoncés. La forme scénique est née en février 2024 puis s’est étoffée en juin avec la collaboration du dramaturge Daniel Macayza Montes, et c’est en proposant ces textes à un auditoire qu’on s’est rendues compte qu’on faisait marrer les gens. C’est là qu’on s’est dit que ce qu’on était en train d’inventer c’était peut-être un stand up poétique. Faire rire à partir de nos brisures recollées par les mots, c’est assez jouissif… » nous confient les deux complices.
Jouissif et libérateur ! Il y a du rythme, des surprises, des chorégraphies minimalistes, du chant déjanté mais pas déganté, du texte et de l’humour, des mots enfilés comme des perles, et à la fin, une magnifique chanson de John Lennon accompagnée au violoncelle, Love de l’album Imagine.
À Toulouse, le spectacle était présenté en avant-programme dans le foyer du théâtre mais il tourne dans plein de lieux au sud et au nord de la Garonne.
Destop, un élixir de jouvence théâtrale !
Jean-Pierre Haddad
Apéro-spectacle, Théâtre du Grand Rond, 23 rue des Potiers, 31000 Toulouse, le 13 mars 2025.
Suivi et contact : instagram @destop_poesie destop-poesie@proton.me
Prochaines dates Le Chantier – Loubajac (65) 04/04 – Le Pont d’Errance – Foix (09).
D’autres dates en cours de programmation pour 24-25.
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