En 2015, Rob Lawrie est accusé d’avoir tenté de sauver une fillette afghane de la jungle de Calais.
On parle de «délit de solidarité». Des manifestations et pétitions soutiennent le «malfaiteur».
Finalement, les autorités qui ne veulent pas revenir bredouille d’un procès engagé, prononcent une peine pour…non-respect du code de la route!
Il y a de quoi s’interroger sur notre «vivre ensemble», sur les lois si mal faites qu’on on n’a pas envie de les respecter.
Quand l’Europe a-t-elle manqué le virage pour se retrouver dans la situation d’être incapable de respecter les droits humains qu’elle avait formulés ?
Anne Monfort s’est emparée du texte auto fictionnel de Mathieu Riboulet pour apporter un témoignage sur un plateau de théâtre.
C’est ainsi que sont portés par trois voix, la reconstitution du procès de Rob Lawrie en 2015, des situations d’improvisation autour de la désobéissance citoyenne et de moments puisés dans les films de Jacques Rivette qui traitent de l’existence de communautés secrètes.
Les trois acteurs-personnages prennent ainsi en charge la reconstitution documentaire du procès de Rob Lawrie avant d’engager chacun une prise de paroles personnelle sur l’engagement militant, puis vont tenter en s’appuyant sur les écrits de Henri David Thoreau, un des premiers théoriciens de la désobéissance civile, de s’interroger sur ce que pourrait être cette communauté de désobéissance.
Dans son travail, Anne Monfort interroge sur ce «nous» qu’on voudrait créer hors de l’état pour inventer un état plus équitable, plus juste et engage une réflexion sur le motif «on joue» donnant lieu à différents types de jeu sur les dates, les prénoms sur ces jeux dont on a oublié les règles.
On rêve à s’aimer, à inventer autre chose, à construire…..
Dans un décor réduit à la présence d’une composition sculpturale au centre du plateau, sorte de réplique du Radeau de la Méduse qui s’adapte aux différents usages dramaturgiques, évoluent les trois comédiens qui endossent tour à tour les rôles du prévenu, de l’avocat ou de l’auteur et qu’on sent en proche complicité avec le propos.
C’est souvent drôle, enlevé, insolent. Rien de trop dans le discours mais une force indéniable dans la dénonciation d’une justice qui enfreint la règle…
Un spectacle très fort, sincère et divertissant qui ne manque pas ses cibles.
A voir absolument.
Francis Dubois
Centre Dramatique National Espace Jean-Luc Lagarce 25 000 Besançon.
Réservation au 03 81 88 55 11
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
Des remarques, des suggestions ? Contactez nous à culture@snes.edu