Michel Mollard, essayiste, réalisateur, éditeur et producteur de concerts, a transposé au théâtre la dernière soirée du célèbre écrivain passionné de musique, Romain Rolland, prix Nobel de littérature en 1915. L’idée lui en est venue en lisant Le Journal de Vézelay que Romain Rolland a écrit de 1938 à sa mort.

Nous sommes à Noël 1944 à Vézelay. Sa femme est partie à la messe de minuit. En attendant son retour, il repense aux questions qui l’ont hanté tout au long de sa vie : le pacifisme et l’attitude à adopter face au totalitarisme, la dénonciation du fascisme, son erreur d’appréciation face au stalinisme qu’il dénoncera ensuite, le rôle des intellectuels en politique, la religion et la foi, l’avenir et le rôle de la France et de l’Europe, garantes de la démocratie…

Michel Mollard, François Michonneau, le metteur en scène et Guilhem Fabre, le comédien musicien nous font pénétrer dans l’intimité de Romain Rolland avec une grande habileté. On est loin d’un cours ennuyeux et didactique. Dans un décor sobre constitué d’un piano Pleyel, d’un fauteuil et d’une petite table avec de nombreux livres, d’un guéridon sur lequel repose une lampe, Romain Rolland médite, se révolte contre ce qu’on a pu dire ou penser de lui, lit des lettres ou extraits d’Aragon, de Péguy, de Zweig, de Strauss, de Goethe, de Pascal et de la bible, raconte ses échanges avec Claudel qui a essayé sans succès de le convertir, évoque Gandhi… Les variations de la lumière accompagnent les différents états d’âme de l’écrivain.

Guilhem Fabre, qui est avant tout musicien, se révèle être un remarquable comédien dans ce seul en scène. Il incarne Romain Rolland avec une grande force de persuasion et donne à ses propos une grande clarté. C’est d’ailleurs la rencontre avec Guilhem Fabre qui a décidé l’auteur à monter ce spectacle. Il a trouvé en lui à la fois le comédien capable d’incarner l’écrivain et le pianiste à même d’interpréter la sonate, l’ opus 111 de Beethoven. Le spectacle se termine sur l’interprétation habitée de cette œuvre immense qui sera la dernière de Beethoven tout comme cette soirée sera la dernière pour Romain Rolland qui ira ensuite se coucher et mourra six jours après. Les deux grands artistes se rejoignent dans l’idée que la musique a le pouvoir de rassembler les gens et de dépasser les conflits.

Un très beau spectacle à aller voir pour découvrir ou redécouvrir les idées de Romain Rolland qui résonnent encore dans l’actualité

Frédérique Moujart

Jusqu’au 22 octobre, du jeudi au samedi à 19h, le dimanche à 17h – Studio Hébertot, 78 bis bd des Batignolles, Paris 17ème – réservation : 01 42 93 13 04 ou www.studiohebertot.com

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