Dans une série de tableaux successifs se déploie la relation d’une mère divorcée et de sa fille unique, une relation où les souvenirs de l’une rencontrent ceux de l’autre avec ce qu’il peut y avoir de contradictions dans leur perception respective. Jeanne, petite fille, voudrait que sa mère ne la quitte jamais, jalouse de la vie qu’elle peut mener quand elle s’éloigne et déploie des trésors de stratégie pour la retenir à ses côtés. Charlotte adore sa fille, mais lutte pour conserver sa part d’intimité. Avec l’âge, les relations se modifient, la dépendance s’inverse. C’est Charlotte qui se plaint de l’absence de sa fille et rêve qu’elle lui consacre plus de temps.

Ces si tendres liens , Loleh Bellon les évoque avec beaucoup de sensibilité et une grande délicatesse. Jeanne avait l’impression que sa mère la laissait trop souvent seule pour s’échapper avec ses amis tandis que Charlotte se souvient d’avoir toujours été là, d’avoir tout donné à sa fille. Le temps qui passe modifie les désirs et les souvenirs. La peur du noir de l’une devient la peur de la mort chez l’autre. Il y a des reproches, mais ils restent discrets et la tendresse et l’amour l’emportent toujours.

Théâtre : de si tendres liens
Théâtre : de si tendres liens

La mise en scène de Laurence Renn Pennel enchaîne rapidement les séquences. Des voiles tendus permettent parfois de happer vers l’obscurité l’une des deux femmes, laissant l’autre monologuer dans la lumière. La musique réveille les souvenirs. Le bruit du train nous emmène aux côtés de l’enfant qui part seule en vacances et que rassure sa mère, le hurlement d’une sirène fait surgir la guerre et cette fois, c’est la mère qui s’effraie de l’insouciance de son adolescente de fille qui a passé la nuit dehors.

Ce sont deux magnifiques comédiennes qui portent ces dialogues empreints de finesse et de sensibilité. Christiane Cohendy est la mère et Clotilde Mollet la fille. Sans qu’elles aient besoin de se grimer, on sent le temps qui passe, la fragilité de la mère succédant à celle de la fille. Toutes deux font sentir, sans pathos, mais avec délicatesse et humour, le passage du temps sur la relation de la mère et de la fille et l’on sort de la salle empli d’émotion.

Micheline Rousselet

Du 7 au 30 juillet à 21h30. Relâches les 18 et 25 juillet

Le Petit Louvre

Chapelle des Templiers, 3 rue Félix Gras, 84000 Avignon

Réservations : 04 32 76 02 79


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