Théâtre : de la démocratie

En 1835, dans De la démocratie en Amérique , un aristocrate normand livre un portrait sans complaisance de ce système politique qu’il a observé lors de son voyage en Amérique. Il admire cette démocratie, en pointe les atouts indéniables par rapport à l’Ancien Régime mais en perçoit aussi les faiblesses et les risques à venir. Aujourd’hui ce système politique, dont Churchill disait « La démocratie est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres » et qui s’est très largement répandu dans le monde, connaît une crise existentielle. Les démocraties doutent et s’interrogent sur ce qu’elles perçoivent de leurs faiblesses et sur l’universalité de leurs valeurs.

Théâtre : de la démocratie
Théâtre : de la démocratie

Comment représenter la démocratie au théâtre ? Laurent Gutmann a eu l’idée de rassembler un groupe de cinq acteurs afin qu’ils s’interrogent sur la question, non pas par le seul discours, mais par, en quelque sorte, des travaux pratiques. Les relations entre acteurs, entre acteur et metteur en scène, entre eux et les techniciens, entre eux et les spectateurs, vont être examinées à l’aune de cette exigence démocratique et confrontées au texte de Tocqueville. Des questions simples comme le rôle du vote, l’avantage du règlement par un contrat de la relation maître-serviteur et les progrès de l’égalité des droits, on va passer à des questions plus complexes. Au fur et à mesure des progrès de l’égalisation des conditions, les inégalités restantes deviennent de plus en plus insupportables, alimentant des frustrations. La tyrannie de la majorité guette. La montée de l’individualisme entraîne un désintérêt pour la chose publique et la tentation de laisser les décisions à des politiques qui seront tentés d’en abuser et de concentrer le pouvoir entre leurs mains.

Tout cela va être illustrés par des questions concrètes que se posent les acteurs sur la façon de représenter la démocratie et, par une sorte de mise en abyme, ils vont mettre à l’épreuve des faits les observations de Tocqueville. Les citations de l’auteur viennent régulièrement s’insérer faisant entendre son style superbe. C’est un peu systématique mais on admire l’imagination dont ont fait preuve les acteurs et Laurent Gutmann pour créer les situations, souvent alambiquées et cocasses, qui permettent de convoquer l’auteur. Chacun des cinq acteurs est une sorte d’idéal-type. Il y a celui qui représente Tocqueville, il y a celle qui organise et prend le pouvoir, il y a celle un peu dédiée à recevoir les ordres mais dont l’imaginaire fonctionne à plein. On rit, on écoute ce que nous disait de la démocratie Tocqueville, dans une langue admirable et l’on se dit qu’il était sacrément moderne !

Micheline Rousselet

Mercredi, jeudi, samedi à 19h30, mardi et vendredi à 20h30, dimanche à 16h

Théâtre 71

3 place du 11 novembre, 92240 Malakoff

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 55 48 91 00

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