Nora a été un bébé maltraité par sa mère. Après une parenthèse heureuse dans une famille d’accueil, les services d’aide à l’enfance vont l’en sortir, au nom du lien à préserver, malgré tout, avec sa mère biologique. De famille en famille, puis en foyer, Nora se perdrait n’était un éducateur dévoué et attentif et surtout sa rencontre avec Ariane, qui devient son amie. Ces deux-là se comprennent à demi-mot, partagent leurs fou-rires, s’aiment profondément. Mais, comme le prévoit la loi, la prise en charge par les services d’aide à l’enfance s’arrête à dix-huit ans et Nora disparaît brusquement au grand désespoir d’Ariane. Pour celle-ci la vie continue. Elle a rencontré Nino et s’est mariée. Mais la vie réserve des surprises.

Estelle Savasta, artiste associée au CDN de Normandie-Rouen et au théâtre des Quartiers d’Ivry, autrice et metteuse en scène de la pièce, voulait depuis un certain temps, tout en se défendant de faire du théâtre documentaire, écrire sur les enfants placés et l’aide sociale à l’enfance. Mais elle aime les histoires qui donnent de la force et cherchait à éviter ce que pouvait avoir de plombant le sujet. Au cours des entretiens qu’elle a menés avec les éducateurs et les éducatrices, avec les familles d’accueil, les pédopsychiatres, les services d’aide sociale à l’enfance, elle a découvert un couple dont l’histoire d’amour l’a bouleversée. Elle tenait son cadre et pouvait écrire une trame, des scènes, sur lesquelles l’équipe allait ensuite pouvoir ajouter sa patte en improvisant. On glisse ainsi des séquences où Nora se souvient de la tendresse de sa première famille d’accueil à la rencontre avec sa mère biologique ou encore des réunions de l’équipe des services d’aide à l’enfance, où l’on pèse les décisions à prendre, au comique d’un cours de danse avec un professeur un peu original !

Une scénographie simple, une grande toile tendue en fond de plateau sur laquelle sont peintes des initiales A comme Ariane, N comme Nora ou Nino, une grande table familiale.

Zoé Fauconnet incarne une Nora sensible, soumise aux aléas des placements pour lesquels elle n’a pas son mot à dire, qui passe de la révolte à l’épanouissement au contact d’Ariane et de sa mère. Clémence Boissé incarne une Ariane solaire. Nadja Bourgeois, Olivier Constant et Valérie Puech complètent la distribution en incarnant plusieurs personnages. Il faut surtout noter la présence dans le rôle de Nino de l’acrobate et danseur Matéo Thiollier-Serrano. Corps souple, il nous entraîne par la danse dans un monde qui nous éloigne du réalisme des situations et ouvre à un avenir plus heureux.

Sur un sujet peu abordé au théâtre, l’aide à à l’enfance, la pièce réussit, sans échapper à la cruauté des situations, à montrer la force de vie qui anime ces jeunes.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 9 novembre au CDN de Normandie-Rouen – En tournée ensuite : du 19 au 27 novembre au TQI CDN du Val-de- Marne à Ivry-sur-Seine, 4 et 5 décembre à la MC2 de Grenoble, du 15 au 17 janvier 2025 au Théâtre de la Cité à Toulouse, du 28 au 31 janvier 2025 à la Comédie de Saint-Etienne, du 4 au 6 mars 2025 à Vandoeuvre-Lès-Nancy, les 27 et 28 mars à la Maison de la Culture de Bourges, les 26 et 27 mai à la Scène Nationale de Narbonne

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