Claire (Catherine Aymerie), chercheuse au CNRS, est la mère de Darius, jeune homme de 19 ans, atteint d’une maladie neurodégénérative. Il vit dans une coque, est sourd, aphasique. Il devient peu à peu aveugle. L’odorat et le toucher sont les deux seuls sens qui lui restent. Pour lui permettre de continuer à voyager, ce qu’il adorait, sa mère va avoir l’idée originale d’écrire à un ancien parfumeur pour lui demander de créer des parfums permettant à son fils de retrouver les lieux où il a voyagé, les personnes qu’il a rencontrées… mais aussi des lieux inconnus voire imaginaires. Paul (François Cognard), qui après la mort de son épouse a renoncé à son métier de parfumeur, va finir par accepter le défi et parcourir le monde pour s’imprégner des différentes flagrances lui permettant de créer les parfums désirés. S’ensuit entre Claire et Paul un échange épistolaire bouleversant qui nous touche profondément grâce au jeu très convaincant des acteurs et à l’écriture de Jean-Benoît Patricot aux références littéraires, cinématographiques astucieuses. Ses mots nous transportent dans le monde des effluves et nous renvoient à nos expériences intimes. Ainsi que le dit Proust, cité par l’auteur, les souvenirs olfactifs sont ceux qui demeurent quand tout a disparu et qui ressuscitent le passé.
La mise en scène d’André Nerman et la scénographie de Stéphanie Laurent donnent du rythme à cet échange épistolaire. Les personnages, côte à côte, chacun à son bureau, ne sont pas pour autant statiques. Ils se rencontrent, se croisent, s’effleurent, se font face. La musique de Laurent Clergeau et les lumières de Kosta Asmanis participent à notre envoûtement.
Ce beau spectacle permet d’aborder avec une grande sensibilité mais sans pathos les thèmes du handicap, du deuil et de la résilience. La création des parfums va procurer à Darius ses derniers moments de bonheur. Sa mère va trouver la force d’accepter la mort inéluctable de son fils. Paul va enfin faire le deuil de sa femme, reprendre goût à la vie et redevenir le grand parfumeur qu’il était.
Une très belle histoire d’amour et de résilience.
Frédérique Moujart
Jusqu’au 11 décembre, jeudi, vendredi samedi à 21h et dimanche à 18h -Théâtre de l’Essaïon, 6 Rue Pierre au Lard,75004 Paris – Réservation :
01 42 78 46 42 ou www.essaion.com
Jeudi 15 décembre à 20h45- Théâtre de l’Athénée, 2 Av. Alsace-Lorraine, 92500 Rueil-Malmaison – Réservation : 01 41 96 90 60
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