Théâtre : Dans les forêts de Sibérie

Après avoir voyagé à vélo autour du monde, puis marché à travers l’Himalaya, chevauché dans les steppes d’Asie Centrale, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson s’est décidé à choisir l’immobilité en s’installant en ermite au milieu des forêts de Sibérie pour y vivre six mois. Il s’est isolé dans une cabane au bord du lac Baïkal, où le premier voisin, un garde forestier, se trouvait à une vingtaine de kilomètres. Ses seules occupations étaient de pêcher pour se nourrir, de couper du bois pour se chauffer, de casser la glace pour puiser de l’eau, de regarder la neige tomber et de guetter le retour de la mésange. Surtout il va profiter de la solitude pour lire, réfléchir et écrire avec une complète liberté d’user de son temps.

Théâtre : Dans les forêts de Sibérie
Théâtre : Dans les forêts de Sibérie

William Mesguich a été séduit par la beauté de ce texte qui nous entraîne dans l’immensité des paysages sibériens, dans ce silence où les repères habituels sont perdus, dans ce monde où le temps s’attarde. Sur scène une cabane au centre de laquelle trône un poêle rougeoyant dont on semble entendre le ronronnement et auprès duquel le narrateur vient parfois se pelotonner enveloppé dans une couverture. Une couchette dans un coin et des livres, qui vont accompagner ses réflexions et ses rêveries, complètent le décor.

William Mesguich a mis en scène et interprète ce texte qui dit la beauté de ce monde du silence et porte des réflexions sur la solitude de l’ermite capable de « resserrer ses ambitions à la dimension du possible ». Il marche, rapporte des bûches pour le poêle, s’accroupit, caresse la mésange qui s’est posée entre les planches et boit force vodka, remède contre le froid et la solitude. Il sort aussi, doudoune et lunettes sur le nez, patinant sur la musique d’une valse viennoise, pour rendre visite à son lointain voisin en affrontant les rafales de vent et le bruit menaçant des glaces du lac qui commencent à se fendre. La neige tombe, on entend le silence, le grognement d’un ours qui rôde, la voix de la Calas chantant Casta Diva , celle d’Aznavour chantant le temps, le temps et rien d’autre . On partage avec l’acteur cette « sobriété luxueuse ». On suit aussi, par sa voix, la fin de ce moment de grâce où l’auteur dit s’être senti totalement libre, mais où commence à lui manquer la compagnie des hommes, quelqu’un à qui il « pourrait expliquer sa solitude ».

La voix de William Mesguich est l’accompagnatrice rêvée pour ce texte magnifique. Il nous introduit dans ce monde de silence où le temps s’étire offrant la liberté de réfléchir et de rêver loin de l’agitation des villes et c’est superbe !

Micheline Rousselet

Du mardi au vendredi à 21h, le samedi à 16h et le samedi à 16h et 21h à partir du 7 décembre

Théâtre de La Huchette

23 rue de la Huchette, 75005 Paris

Réservations : 01 43 2638 99 ou reservation@theatre-huchette.com

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