C’est à une expérience théâtrale totale ou plutôt une performance, que les cinq artistes du collectif Snowapple nous invitent.
Tout commence à l’entrée du théâtre. Les artistes silencieuses, impassibles et comme hors du temps, front et racines des cheveux teints de blanc, distribuent aux arrivants un ou deux questionnaires et un stylo. Des questions aussi étranges que ces créatures vêtues de costumes futuristes noir, blanc, argent et or. « Le futur, vous y croyez ? Pour survivre de combien d’objets auriez-vous besoin ? Un, cent, des milliers ? Et l’utopie vous y croyez ? ». Dans la salle nous attend une scientifique, un peu inquiète de l’avenir de l’humanité, qui va, comme dans un vrai processus scientifique, orchestrer une série d’expériences en faisant appel à quatre créatures, issues de futurs possibles. La figure du cyborg, cet être vivant augmenté par des greffes de parties mécaniques ou électroniques qui parcourt la littérature de science-fiction, devient le point de départ d’un voyage vers le futur, alimenté par la littérature, la philosophie, la poésie, la musique et la danse.
C’est le collectif Snowapple qui navigue de Mexico à Amsterdam et Paris qui a imaginé ce spectacle. Eva Schumacher a écrit et mis en scène cette performance qui nous immerge dans « un univers situé quelque part entre David Bowie, Matrix et David Lynch ». Elle est la scientifique, oscillant entre humour et gravité, qui mène l’expérience, appelant la danseuse et les musiciennes, vêtues de costumes surréalistes, à apporter leur vision d’un monde futur différent. La voix puissante et la clarinette déchaînée de Laurien Schreuder, perchée sur des chaussures à plateforme aux talons démesurés, ouvre la voie à la guitare et à la voix, passant de la furie à la mélancolie, de Giulia Pastorino (en alternance avec Matteo Cerboncini) et de Caro Martin. Les synthétiseurs donnent une profondeur et des échos du futur à ces textes. La danseuse Samantha Montagna Portejoie, entre émotion et gestes de robots, accompagne merveilleusement ce chaos de questions qui nous assaille au seuil de ce futur inconnu.
Un univers étrange où il faut accepter de perdre pied et de se laisser emporter par ses émotions.
Micheline Rousselet
Spectacle vu au Lavoir Moderne Parisien le lundi 16 septembre avant une tournée au Mexique du 1er au 25 novembre et des dates à venir à Amsterdam et peut-être à Paris. Le groupe est en général présent au Jardin Rouge Festival à Paris comme à Amsterdam
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