En 2016 et 2017 la jeune dessinatrice de bande dessinée, Pénélope Bagieu publiait Culottées, qui devint vite un best-seller et fut même adapté en version animée par France Télévisions. Elle y faisait le portrait de femmes, qui ont eu en commun d’oser s’élever contre leur père, les institutions, la société dans laquelle elles vivaient pour déployer toute leur ingéniosité et faire ce qu’elles avaient décidé, que ce soit sauver un phare, faire du rap en Afghanistan, être gynécologue dans la Grèce antique, résister à l’occupant nazi ou à un dictateur sud-américain, devenir astronaute de la NASA ou reine des bandits en Inde. Trente portraits de femmes, dont certaines très connues, des stars ou des objets de légende comme la Reine des bandits Phulan Devi, d’autres beaucoup moins. Mais toutes ont refusé de se dire qu’elles ne savaient pas ou ne pouvaient pas.

Justine Heynemann et Rachel Arditi ont été séduites par ce qu’avait de théâtral cet album où apparaissaient 30 femmes bien cernées en quelques pages, où alternaient des moments drôles et des moments émouvants, où se mêlaient la Grande Histoire et des moments plus intimes. Elles ont tout de suite pensé que la Comédie Française avec sa formidable troupe de comédiennes était l’endroit idéal pour leur création et leur permettait d’utiliser tous leurs talents, jeu, chant, musique, danse.

Comme la bande dessinée évoquaient ces héroïnes sans classement les deux adaptatrices étaient très libres. La metteuse en scène Justine Heynemann les fait apparaître dans une atmosphère joyeuse, tantôt fête de village avec lampions comme pour la femme à barbe que les enfants adorent, tantôt cabaret avec plumes et paillettes comme pour Joséphine Baker. On glisse avec une grande fluidité de l’une à l’autre, de l’impératrice de Chine à Peggy Guggenheim, de celles qui se sont préoccupées de lutter pour l’amélioration des conditions de travail ou pour le bien-être animal à celles qui furent des inventrices en même temps que des femmes glamour comme Hedy Lamarr, d’Agnodice, la première femme gynécologue dans la Grèce antique aux exploratrices et aux chercheuses. Et à la fin, Joséphine Baker coiffée de plumes et de strass peut même parler à l’oreille de Mae Jemison avec son casque d’astronaute.

Le musicien Manuel Peskine accompagne sur scène les comédiennes qui chantent en français, espagnol ou anglais, sur des musiques d’inspiration variées d’Anne Sylvestre à Nancy Sinatra ou Nirvana.

Pour interpréter ces femmes à la fois héroïnes et narratrices de leur propre histoire, cinq comédiennes qui jouent une soixantaine de rôles. Elissa Alloula, Claïna Clavaron, Françoise Gillard, Séphora Pondi et Coraly Zahonero passent d’un personnage à l’autre, en quelques lignes, quelques attitudes avec parfois une réplique qui assure le rire du public, telle Hedy Lamarr, à la fois actrice célèbre pour sa beauté et géniale inventrice, déclarant « pas difficile d’être glamour, il suffit de sourire et d’avoir l’air stupide ». Elles sont formidables, exploitent toutes les facettes de leur talent, jeu, chant, danse, et en outre semblent beaucoup s’amuser.

Un spectacle qui réjouit les adultes comme les jeunes, un spectacle joyeux et énergique célébrant ces femmes déterminées à aller au bout de leur idée, de leur talent, à être culottées.

Micheline Rousselet

Jusqu’au 3 mars au Studio de la Comédie Française, 99 rue de Rivoli, Galerie du Carrousel du Louvre, 75001 Paris – à 18h30 – Réservations : 01 44 58 15 15 ou comedie-francaise.fr


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