La Fontaine n’a pas écrit que des fables devenues, à juste titre, monument national et dont on ne cesse de pointer les visées morales plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord. Rappelant que « le mal d’amour est le plus rigoureux », il a aussi écrit des Contes licencieux où il joue avec délectation de situations ambiguës ou carrément libertines, maniant l’implicite ou la provocation et faisant du lecteur son complice souriant.
Le ténor Jean-François Novelli s’est emparé pour notre plus grand bonheur de ces contes. Antoine Sahler, le fidèle collaborateur de François Morel, mais qui a aussi écrit et composé pour Juliette, Maurane et Juliette Gréco, a composé une musique qui fait des clins d’œil au croustillant du texte. La chanteuse Juliette signe une mise en scène qui fait la part belle aux entrées sur la pointe des pieds et aux nonnes à cornette, incarnées par le chanteur, et au pianiste (en alternance Nicolas Royez, Romain Vaille et Jean-Yves Aizic). Jean-François Novelli joue et chante les curés libidineux, les nonnes en chaleur, les abbesses grimaçantes et les « cruches » qui se délurent très vite. Il glisse d’un personnage à l’autre. L’air coquin et l’œil frisant, il devient le voisin qui propose de « rendre service », en l’absence de son mari, à une épouse dont l’enfant qu’elle porte « n’a pas été tout à fait terminé », selon lui ! Il danse, s’excite, arrive en douce et s’assure la complicité du pianiste.
Dans la chaleur estivale, on se réjouit de ces contes coquins, écrits d’une si belle langue, qui nous font rire sous cape et que sert avec brio Jean-François Novelli.
Micheline Rousselet
Mercredi et jeudi à 21h30
Théâtre Les Déchargeurs
3 rue des déchargeurs, 75001 Paris
Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 42 36 00 50
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