Courgette, c’est ainsi que sa mère l’appelle, une mère alcoolique et maltraitante. Il voudrait tuer le ciel, qu’il pense source de tous ses malheurs, mais c’est elle qu’il tue par accident. Sa vie prend alors un virage inattendu. Le gendarme, qui le conduit dans le foyer où il vivra désormais, est gentil et s’attache à lui. Courgette se plaît aux Fontaines. Des amitiés se nouent avec Simon un garçon plus âgé qui sait tout sur tout le monde, Ahmed qui fait encore pipi au lit et surtout Camille, dont Courgette tombe aussitôt amoureux. Il y a aussi les adultes, la directrice, la psychologue et ses tests de Rorschach, l’éducatrice qui leur chante des berceuses et leur « fait des bisous » et Raymond le gendarme bienveillant que Courgette, sans le savoir, aide à reprendre sa vie en mains.

Pamela Ravassard, séduite par le roman Autobiographie d’une courgette de Gilles Paris dont l’adaptation au cinéma avait obtenu deux Césars en 2017 et une nomination aux Oscars, l’a adapté pour le théâtre avec l’aide de Garlan Le Martelot qui interprète par ailleurs Courgette. La structure scénique crée deux niveaux sur lesquels évoluent les comédiens avec une rampe semblable à un toboggan. Comme une place importante est donnée à la musique, qui favorise l’évocation des souvenirs, des joies et des peurs, c’est au centre du plateau qu’elle se joue, les comédiens se faisant à l’occasion chanteurs et musiciens (harmonica, guitare, basse, violon, piano et batterie). La mise en scène nous place au côté des enfants, avec leur langage direct, franc et sans filtre, leurs vêtements, leur posture. Par le simple jeu des lumières on les suit et on partage leurs émerveillements et leurs peurs dans les voyages collectifs à la neige, à la mer, dans un parc d’attraction, ou la nuit où, sous un ciel étoilé, s’échangent les confidences.

Cette histoire d’amitié entre des gamins, cabossés par la vie, orphelins ou maltraités, séparés de leurs parents morts ou emprisonnés qui vont apprendre à se construire, à grandir et à « recoudre leur cœur ensemble » est servie par l’interprétation exceptionnelle de comédiens qui se glissent dans la peau des enfants mais aussi des adultes du foyer. Garlan Le Martelot, transistor à la main, petit sac sur le dos incarne Courgette avec sa fraîcheur, sa capacité à s’émerveiller, à aimer. Il passe léger, plein de gentillesse et d’inventivité pour aider ses copains (Florian Choquart, Lola Roskis Gingembre) et surtout Camille (Vanessa Cailhol) dont la voix est si belle quand elle chante. La part belle est donnée aux enfants, à l’exception de Vincent Viotti plus âgé, qui interprète le gendarme Raymond.

Une histoire qui se place délibérément du côté de l’optimisme et exalte la force de l’amitié et de la fraternité, c’est un petit bonheur dans notre époque si morose.

Micheline Rousselet

A partir du 25 août – Théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher, 75008 Paris – mardi et mercredi à 20h, vendredi à 19h, samedi à 17h et 20h30 – Réservations : 01 45 22 08 40 ou theatretristanbernard.fr

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