Marianne est physicienne, Roland apiculteur. Ils se rencontrent lors d’un barbecue chez des amis. Ils vont s’aimer, se trahir, se séparer, se retrouver, apprendre à s’écouter, se marier et se trouver confrontés à la maladie et à la mort. Ce qui pourrait n’être que le récit d’une banale rencontre amoureuse devient profondément original parce que l’auteur Nick Payne lui applique une hypothèse, celle des « multivers » que le physicien Hugh Everett avait tenté d’introduire dans la physique quantique. L’idée est qu’une infinité de possibles coexiste à chaque moment de notre vie et chaque possibilité qui s’ouvre crée son propre univers. Sur le principe du Et si … et si…, un peu comme dans le film d’Alain Resnais Smoking no smoking, il suffit que Marianne ou Roland change une situation, un mot, une simple intonation, pour que tout change, qu’on bascule du drôle au grave, que l’on reparte en arrière comme si on rembobinait la bande et la relation amoureuse et le destin des deux personnages deviennent un peu différents. Marianne, troublée par son désir s’excite sur les théories de la physique, Roland semble l’écouter mais commence à lui caresser le genou. Et si Marianne se met à parler franchement de son désir que se passe-t-il ? Marianne se met à chercher ses mots, emportement amoureux ou début d’une maladie cérébrale ?

Théâtre : Constellations
Théâtre : Constellations

Arnaud Anckaert séduit par la pièce, suite de variations un peu comme dans la musique de Bach, a demandé à Séverine Magois de la traduire et l’a mise en scène. Chaque scène amène à un possible. Les scènes se répètent avec des petites variations qui transforment la situation. Les dialogues sont brefs, légers, drôles ou plus graves. Les deux personnages évoluent dans une boîte en bois clair avec deux portes. Ils sont toujours là près de nous, mais ne paraissent pas enfermés. Un rapide passage au noir permet de passer d’une scène à une autre. Parfois la lumière chaude devient froide comme si elle accompagnait le passage de la vie à la mort.

On est très loin de l’exercice de style par la grâce des comédiens qui ont une complicité exceptionnelle. Noémie Gantier incarne une Marianne frémissante qui peut passer très vite, au gré d’une situation ou une autre, des hésitations à la décision, de l’impétuosité à la raison. La voix douce ou un peu exaltée, calme ou inquiète, elle donne à voir une Marianne vivante, entreprenante, parfois maladroite et fragile. Maxence Vandevelde a une présence calme, rassurante comme le monde des abeilles qui le passionne.

Avec eux on voyage avec délice dans un univers indéterminé, mouvant un peu inquiétant. On explore en même temps tous les possibles d’une relation amoureuse et c’est fascinant.

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h

Théâtre de l’Aquarium

La Cartoucherie

Route du Champ-de-Manoeuvre, 75012 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 74 72 74


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