Théâtre : Comparution immédiate

Plusieurs pièces se sont attachées ces derniers mois au spectacle des prétoires. Ce qui s’y passe ressemble souvent à du théâtre, les prévenus comme les avocats, le procureur et les juges se mettant en scène. Les audiences en comparution immédiate, ce qu’on appelait auparavant les flagrants délits, n’y échappent pas. Gilets jaunes ou sans-papiers les ont beaucoup fréquentées ces derniers temps. Ces audiences ont en outre une particularité : les prévenus, qui encourent de six mois à dix ans d’emprisonnement pour vols, violences familiales, agressions souvent sous l’empire de l’alcool, trafic de stupéfiants, insultes à policier, y sont jugés en quinze à vingt minutes. Dans ce laps de temps leur sort est scellé : la liberté, la condamnation avec sursis ou le départ pour la case prison. En raison des lourdeurs administratives et du manque de moyens et de personnel, les audiences s’allongent tard dans la nuit et selon l’heure à laquelle on passe on ne sera pas jugé de la même façon. Prévenus qui connaissent ou non les codes sociaux, s’empêtrent dans leur défense en aggravant leur cas, juges qui n’ont que quelques minutes pour décider d’être à l’écoute de la situation sociale du prévenu ou veulent en finir parce qu’ils sont épuisés, avocats souvent commis d’office qui eux aussi n’ont eu que quelques minutes pour prendre connaissance des dossiers, la justice ne devient-elle pas une loterie ?

Théâtre : Comparution immédiate
Théâtre : Comparution immédiate

Dominique Simonnot, longtemps chroniqueuse judiciaire pour Libération et pour Le Canard enchaîné a dépeint avec mordant cette justice expéditive, ses folies et sa bêtise. Le metteur en scène Michel Didym reprend ses chroniques en faisant des spectateurs les juges de cette justice, condamnée à mal fonctionner faute de moyens. La sonnerie de début d’audience retentit, la barre bien éclairée attend l’avocat, le prévenu, le procureur ou le juge, le nom du tribunal est cité, révélant bien ce qu’a de généralisée la situation.

Bruno Ricci se fait tour à tour prévenu maladroit ou Président, procureur sévère et moralisateur, indifférent à la misère sociale de ceux qui sont jugés, greffier résigné (« je vais encore faire un rapport qui ne sert à rien ») et avocats qui s’énervent parfois de voir leurs clients maltraités ainsi, tandis que d’autres, plus cultivés, plus favorisés par leur milieu social échappent à toute poursuite.

On rit beaucoup car il faut de l’humour aux juges comme aux avocats pour supporter la situation. Mais on sort en se demandant si ces « chambres de misère », comme les nomment les magistrats, sont dignes de ce qu’on attend de la justice dans un pays développé, et la réponse est hélas toute trouvée !

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30. Relâche les lundis

Théâtre du Rond-Point

2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21

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