Le Comte Hector de Clérambard est pris jusqu’au cou par les dettes. Il règne de façon tyrannique sur une famille qui file doux. Sa femme et sa belle-mère en sont réduites à cuisiner du chat et à tricoter des chandails qui sont mis en vente dans la modeste boutique.
Quant au fils Ocrave, un jeune homme un peu simplet, le Comte aimerait bien le marier à Evelyne Galuchon, jeune fille très laide dont les parents, de gros commerçants argentés, sont prêts à se débarrasser même au prix d’une exorbitante dot.
Mais alors que le mariage est presque conclu, le temps d’une apparition Hector de Clérambard est «visité» par Saint François d’Assise, l’ami des animaux qui prône des règles de vie basées sur le dénuement et la pauvreté.
La lecture de l’ouvrage que le saint lui a recommandé va finir de transformer la vision que Clérambard avait de l’existence et dans la foulée de cette soudaine métamorphose, il ne souhaite plus que son fils épouse une riche héritière mais au contraire, La Langouste, une jeune prostituée qu’il considère comme l’innocente victime d’une société cruelle et ravageuse.
On pourra trouver dans la pièce de Marcel Aymé beaucoup de résonances avec le monde actuel mais ce n’est pas là que réside l’intérêt de «Clérambard», œuvre originale, minutieusement construite qu’on pourrait classer entre le boulevard et la satyre grinçante mais qui, par la singularité de son sujet et de ses rebondissements, garde toute sa complexité.
L’écriture est vive et les personnages, même s’ils sont pour la plupart d’entre eux stéréotypés, bénéficient d’un tel dosage de traits de caractère caricaturaux et d’humanité qu’ils surprennent sans cesse tant par la gestuelle que par leur façon de dire les dialogues.
La mise en scène est subtile et chacun des interprètes s’acquitte avec beaucoup de nuances de jeu de sa partition.
Ici, pas besoin de réécrire le texte, de resituer l’action dans le monde contemporain, de s’entourer d’accessoires rutilants. Pas besoin non plus d’un gigantesque dispositif tournant pour accompagner la dramaturgie…
On est ici dans le respect d’un texte et dans un vrai exercice théâtral divertissant et qui a vocation à ne trahir personne..
C’est piquant. C’est drôle. Ça mène à réflexion et, pour des jeunes gens qui voudraient s’intéresser au théâtre, voilà la conjugaison d’un texte et d’une mise en scène qui accompagnent magnifiquement la montée en puissance d’une structure dramatique classique.
Un moment de vif plaisir !
Francis Dubois
Théâtre 13, Jardin 103 A Boulevard Auguste Blanqui 75 013 Paris
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