
Depuis quelques années on parle beaucoup des violences sexuelles. Une femme sur quatre dit en avoir été victime. On dénonce de plus en plus ce que l’on appelle la culture du viol ou l’emprise exercée par des hommes de pouvoir sur des jeunes filles parfois très jeunes.
Après un travail de recherche auprès de victimes, de leur entourage et des instances policières, judiciaires et associatives en Belgique, où leur compagnie est basée, Carole Ventura et Luca Franceschi ont effectué un travail d’écriture et de réflexion artistique sur le sujet.
Sur scène cinq comédiens et comédiennes (Luca Franceschi, Julie Marichal, Caroline Poiré/Dorothée Schoonooghe, Gregory Nardella/Laurent D’Elia, Carole Ventura/Floriane Durin) vont incarner une personne dans le parcours qui mène une victime jusqu’aux institutions policières et judiciaires, avec trop souvent à la clé un « classement sans suite ». On a ainsi la victime Griselda, qui peut être aussi bien une jeune fille surprise lors d’une soirée étudiante qu’une femme mariée, une adolescente trop candide qu’une prostituée, l’agresseur Vincent, se justifiant souvent en tentant de faire croire au consentement de la victime, Sophie incarnant l’entourage de la victime partisan tantôt de la dénonciation, tantôt du silence et de l’oubli, Agnès qui représente les associations accompagnant la victime, et enfin Enzo incarnant les institutions policières et judiciaires.
Ils ne jouent pas une histoire particulière, mais toutes ces histoires qui renvoient à notre société, aux stéréotypes encore trop présents, à tous les progrès qui restent à réaliser pour une bonne prise en charge des victimes. Des histoires qui renvoient à tous les milieux sociaux, à tous les âges, à toutes sortes de situations avec en arrière plan une société où la domination masculine reste prégnante, y compris dans le groupe de comédiens qui la met en cause dans une scène de théâtre dans le théâtre.
Une pièce bien documentée et rythmée qui peut aussi être un support pour des associations ou des enseignants souhaitant aborder le sujet avec des élèves.
Micheline Rousselet
Jusqu’au 5 octobre à La Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron, 75018 Paris – du jeudi au samedi à 21h, les dimanches à 17h – Réservations : 01 42 33 42 03 ou manufacturedesabbesses.com – le 19 novembre au Centre pénitentiaire d’Avignon, le 21 noveembre Maison de l’eau- Allègre-les-Fumades
Des militants partagent ici des critiques littéraires, musicales, cinématographiques ou encore des échos des dernières expositions mais aussi des informations sur les mobilisations des professionnels du secteur artistique.
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