Théâtre : Choses vues

Victor Hugo fut un merveilleux observateur de son époque, dressant un portrait concis et incisif des puissants et des proscrits, des rois comme des pauvres. Dans ces miscellanées, rassemblées après la mort de l’écrivain dans Choses vues , les rêves et les méditations se mêlent aux anecdotes, aux propos rapportés, aux intuitions fugaces et aux réflexions. L’écrivain observe tout, juge tout, note tout sur des bouts de papier, des petits carnets et c’est toute son époque qui défile, les rois qu’il a côtoyés tout comme l’homme arrêté pour le vol d’une miche de pain, regardant une belle dame riche jouant avec son enfant dans sa calèche. En quelques mots tout Hugo apparaît, curieux de tout, si plein d’humanité avec son indignation contre les inégalités sociales et son farouche combat contre la peine de mort. Avec un appétit d’ogre il rassemble une foule de détails car, dit-il, « pour qui sait les voir, les petites choses sont souvent les plus grandes ».

Théâtre : Choses vues
Théâtre : Choses vues

C’est quelques unes de ces Choses vues que Christophe Barbier a choisies. Pour évoquer sur la scène les rêves du poète, ses intuitions, ses jugements, la metteuse en scène Stéphanie Tesson y a placé des grandes voiles écrues, comme des pages des manuscrits de l’écrivain, où se détachent son écriture et les lavis empreints d’inquiétude dont il accompagnait souvent ses textes. La musique de Bach assure transitions et respirations, les notes martelées sur un piano accompagnent avec ironie sacres et funérailles qui marquent les honneurs échus à Hugo période après période jusqu’à l’exil. Les deux acteurs, qui prennent en charge le texte, se complètent parfaitement. Christophe Barbier a su utiliser son esprit vif et incisif de chroniqueur pour pécher dans l’abondance des observations de Hugo, comme il le fait pour l’actualité, les passages qui lui paraissaient les plus révélateurs de la pensée hugolienne. Jean-Paul Bordes, le regard clair, empli tantôt d’humour, tantôt de révolte et tout le temps d’une grande bonté, a la sensibilité et le romantisme qui lui permet d’attacher le spectateur par l’émotion qu’il suscite.

Ils nous accompagnent dans « l’atelier de l’écrivain », dans sa tête où naissent les rêves du poète, les indignations de l’homme engagé et ses réflexions sur la vie. Quel bonheur !

Micheline Rousselet

Du mardi au vendredi à 21h

Théâtre de Poche Montparnasse

75 boulevard du Montparnasse, 75006 Paris

Réservations : 01 45 44 50 60 67

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