Charlotte Salomon naît en 1917 dans une famille juive aisée avec un père médecin et professeur d’Université. Sa mère meurt alors qu’elle n’a que neuf ans et elle n’apprendra que bien plus tard qu’elle s’est suicidée. Son père se remarie avec une cantatrice qu’elle adore. Grâce à son talent qui enthousiasme un de ses professeurs, elle réussit à entrer à l’académie des beaux-arts de Berlin en dépit des lois anti-juives. Elle tombe alors follement amoureuse, mais à la suite de la Nuit de Cristal en 1939, sa famille la contraint, pour la protéger, à partir en France sur la Côte d’Azur où sont déjà réfugiés ses grands-parents maternels. Elle y découvre ce qu’on lui avait caché, tous ces suicides qui ont comme une maladie frappé sa famille. Elle décide alors de mettre en scène sa vie dans une pièce de théâtre en musique pour laquelle elle réalise plus de mille gouaches et qu’elle intitule Vie ? Ou Théâtre ? Dénoncée, elle sera déportée et mourra à Auschwitz-Birkenau en 1943.

Théâtre : Charlotte
Théâtre : Charlotte

David Foenkinos a découvert l’œuvre de Charlotte Salomon par hasard à l’occasion d’une exposition à Berlin. Fasciné par la peintre, il a écrit une sorte de long poème en prose, où il a retracé sa vie, jalonnée de douleurs mais aussi de rencontres heureuses, sa belle-mère Paula, son professeur de dessin, le professeur de chant de Paula qui sera son amant. C’est cette construction d’une identité d’artiste à travers doutes, peurs et obsessions, qui a intéressé l’actrice et metteuse en scène Laurène Boulitrop.

Debout ou assise devant un voile, sculptée par les éclairages qui apportent parfois un peu de lumière dans ce destin marqué par la mort, l’actrice donne aux phrases courtes du texte de David Foenkinos leur musicalité et leur force. Elle se sert de la ponctuation pour assurer une respiration. Son corps vibre quand elle espère entrevoir l’homme aimé. Elle s’embrase quand elle veut l’éblouir. On sent son découragement quand elle doute. Elle exalte les élans de Charlotte, sa passion pour le dessin, son désir pour l’homme qu’elle aime, son amour de la vie que, lucide sur la fin qui l’attend, elle exprimera dans son œuvre. On sort de la salle au bord des larmes.

À noter que l’actrice présente la pièce comme un diptyque avec Clouée au so l, l’histoire d’une femme qui s’est battue pour devenir pilote de chasse. Les deux pièces sont jouées en alternance selon les jours dans le même théâtre.

Micheline Rousselet

Jeudi et samedi à 19h

Manufacture des Abbesses

7 rue Véron, 75018 Paris

Réservations : 01 42 33 42 03


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