Voici un autre regard sur cette pièce, déjà critiquée sur ce site 30085

Trois frères juifs bavarois débarquent en 1844 en Amérique. Henry, Emmanuel et Mayer s’installent en Alabama comme marchands de tissus.

Leur réussite fulgurante les conduira jusqu’à la création d’un empire, la banque d’investissement multinationale « Lehman Brothers » qui était devenue la quatrième des États-Unis au moment de sa faillite, en 2008.

La chute de cette banque d’affaires qui était peu connue en France a pourtant déclenché la fameuse crise des subprimes aux États-Unis entraînant une déroute économique et financière telle qu’on n’en avait pas connu depuis 1929.

La pièce de Stefano Massini fait, de façon passionnante, découvrir et comprendre de quelle façon, par le jeu de quelles opportunités, cet empire a été construit par une famille juive d’origine bavaroise, comment son histoire a coïncidé avec le développement du capitalisme américain et comment il s’est effondré.

Le rythme de la narration relayé par celui de la mise en scène et par l’interprétation tonique d’une distribution homogène fait qu’on est saisi face à ce spectacle, comme on le serait devant un bon polar.

A ces éléments narratifs s’ajoutent une grande précision des faits et des anecdotes et l’ironie que provoque la découverte des hasards qui permettent de faire fortune.

Théâtre : chapitre de la chute - 2
Théâtre : chapitre de la chute – 2

Le tour de force de ce texte et de la mise en scène est de raconter, sans jamais lasser, deux siècles de capitalisme américain à travers l’histoire d’une famille. D’en faire, sans perdre de vue le centre du sujet, un vrai et solide divertissement.

On est à la fois dans la rigueur théâtrale et dans le style du feuilleton avec rebondissements, galerie de portraits savoureux, situations en rupture de ton.

« Chapitres de la chute « , un texte à la fois très archaïque et très ludique, ne dénonce pas le capitalisme, il le raconte, il le ramène à une dimension sensible et concrète.

La façon dont le sujet est traité dans un texte qui ne fait pourtant pas l’économie des rouages techniques du fonctionnement de la banque et par une mise en scène d’une grande limpidité, rend un sujet qui pourrait être ardu et rébarbatif, parfaitement accessible.

La mise en scène d’Arnaud Meunier est virtuose. Elle est d’une grande fluidité pour faire passer le texte, du conte, de la narration explicative à l’incarnation des personnages.

L’homogénéité est totale entre la scénographie inventive et le jeu passionnant des comédiens.

L’utilisation de la vidéo devenue trop souvent ces temps derniers, un « tic » de mise en scène est ici, non seulement à chaque fois justifiée mais discrète et à l’occasion d’une grande beauté.

Francis Dubois

Théâtre du Rond-Point 2, bis avenue Franklin Roosevelt 75 018 Paris.

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) 01 44 95 98 21

www.theatredurondpoint.fr


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