Au moment où, en France, les élections sont au cœur de toutes les discussions et où les incompréhensions sur l’élection d’un Trump aux États-Unis ont rempli les colonnes des journaux, cette pièce, écrite par Kevin Keiss en collaboration avec Maëlle Poésy, à partir du roman La lucidité de José Saramago, propose une situation inédite, qui nous interroge sur la démocratie. Dans un pays imaginaire, l’état-major du parti majoritaire est à l’écoute des résultats des élections, les discours convenus se préparent. Mais les résultats déconcertent les membres du Gouvernement réunis. Si dans la capitale le taux d’abstention a été anormalement bas, le vote blanc rassemble 80% des suffrages. Les électeurs n’ont-ils pas compris l’enjeu du vote ? Que convient-il de faire ? Revoter, chercher les meneurs, voire une internationale de l’anarchie car il s’agit sûrement d’un complot, appeler à la délation ? Pendant ce temps « le mouvement blanc » s’étend. Faut-il alors passer à des solutions plus radicales pour briser ce mouvement : l’état de siège, l’asphyxie de la capitale ?

Théâtre : ceux qui errent ne se trompent pas
Théâtre : ceux qui errent ne se trompent pas

Maëlle Poésy a placé la pièce sous le signe du déluge. La pluie qui s’est abattue sur la ville n’a finalement pas empêché les électeurs d’aller voter, mais peu à peu l’eau monte, tout comme l’inquiétude chez les responsables politiques, qui pataugent, au propre comme au figuré. La metteure en scène crée le suspense. On se demande d’abord quels vont être les résultats de l’élection puis ce que vont envisager les Ministres, face à une situation totalement extérieure à leurs schémas habituels d’analyse et où rien d’illégal ne se passe. Nous sommes dans la salle où se tient le Conseil des Ministres ou dans le bureau des Services de la Vérité qui traquent d’éventuels meneurs car il y en a forcément ! De temps à autre sur un écran apparaît une journaliste en imperméable bleu qui vient annoncer ce qui se passe à l’extérieur de la salle. Les ministres ne comprennent rien, se querellent sur les mesures à adopter, l’une menace sans cesse de démissionner, ils « engueulent » les subalternes. La panique gagne. Les six acteurs sont très convaincants, incarnant les différentes options envisagées par cette classe politique gagnée par la panique et prête à tout pour garder le pouvoir.

En ces temps où une fraction de plus en plus importante de la population en Europe et aux États-Unis s’agace de l’aveuglement des responsables politiques, s’interroge sur ce qu’est la démocratie et si elle peut se réduire à un vote tous les cinq ans, cette pièce, à la frontière entre fantastique et réalité et qui passe avec fluidité du tragique au comique, est un petit bijou. Courez-y !

Micheline Rousselet

Lundi, mardi, vendredi à 20h, jeudi et samedi à 19h, dimanche à 16h

Théâtre de la Cité Internationale

17 Boulevard Jourdan, 75014 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 13 50 50

www.theatredelacite.com


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