En reprenant le titre d’un essai de Christiane Rochefort portant sur le métier d’écrivain, Orit Mizrahi et Awena Burgess lui rendent un bel hommage. Elles mêlent savamment leur souvenirs de petites filles dont les mères étaient de grandes amies de Christiane Rochefort, des lectures d’extraits de ses romans ou de ses essais, des poèmes mis en musique et des chansons particulièrement aimés par Christiane Rochefort (Purcell, Dylan, les Beatles) et très bien interprétés ce soir-là par Nathalie Jeannet. Elles jouent aussi et font jouer le public avec les mots comme le faisait Christiane Rochefort pour créer.
Pour donner tout son sens à la phrase de Christiane Rochefort c’est physique l’écriture, elles évoluent dans un décor de Jean-Baptiste Manessier constitué d’un coin d’écriture avec des tables et chaises d’écoliers, deux machines à écrire mécaniques, d’un grand papier blanc qui s’étend et tapisse le sol. Sur ce papier, tableau d’école et écran, elles projettent à l’aide d’un rétroprojecteur les couvertures des romans de Christiane Rochefort qui se superposent à des écrits.
La mise en scène originale d’Orit Mizrahi met en lumière l’interrogation incessante de Christiane Rochefort sur son processus d’écriture, elle qui disait dans son Journal pré-posthume : Les jours où je n’écris pas, où je n’essaie même pas, je me sens inutile sur cette terre.
Un spectacle intéressant qui gagnerait à faire ressortir davantage les thèmes abordés par Christiane Rochefort dans ses œuvres : l’écologie, l’émancipation des femmes, l’homosexualité, l’inceste, la société de consommation…
Frédérique Moujart
Les lundis et mardis à 21h15 jusqu’au 30 mai – théâtre de l’Essaïon, 6 rue Pierre au Lard, Paris 4ème – Réservations : 01 42 46 42 ou www.essaion.com
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