Candide, chassé de son petit paradis, le château de Thunder-ten-Tronckh, pour avoir été surpris par le Baron en train de lutiner sa fille Cunégonde, va connaître des centaines d’aventures à travers le monde en se demandant s’il vit bien dans le meilleur des mondes possibles, comme le lui avait affirmé Pangloss, son professeur,.

S’inspirant de la bande dessinée de Joann Sfar, Arnaud Meunier s’est attaché au conte philosophique de Voltaire. Les chapitres sont annoncés et nous voilà partis du château du Baron pour le voyage qui mène Candide d’Allemagne à Constantinople en passant par la Bulgarie, la Hollande, le Portugal, l’Espagne, mais aussi Buenos-Aires, le Paraguay, le Surinam, El Eldorado, Venise, Bordeaux. Ce voyage l’expose à tous les dangers, la guerre, les massacres, les viols, le tremblement de terre de Lisbonne, les naufrages, les bûchers de l’Inquisition, bref le meilleur des mondes possibles !

Arnaud Meunier a su garder l’esprit qui inspire le texte, nous raconter ce voyage initiatique en conservant son esprit satirique et l’ironie mordante avec laquelle Voltaire conduit son lecteur à s’interroger sur la cruauté des hommes, leur bêtise, leur égoïsme, l’origine du mal et la recherche du bonheur. On retrouve bien sûr, avec l’ironie qui convient, les enseignements de Pangloss « il n’y a pas d’effet sans cause », les « malheurs particuliers font le bien général » et bien sûr la certitude de « vivre dans le meilleur des mondes possibles ». Le metteur en scène réussit ainsi à faire entendre ce qu’il y avait de révolutionnaire et ce qui reste d’actualité dans le texte de Voltaire : la dénonciation des ravages de la guerre, des dangers du fanatisme religieux, des violences faites aux femmes, du colonialisme et de l’esclavage, mais aussi un appel à dire non à l’arrogance des puissants et à construire ensemble, en fonction des talents de chacun, un monde meilleur.

Astucieusement un voile transparent en fond de scène permet de faire vivre les événements et les lieux où se trouve entraîné ce pauvre Candide, fumées des canons, tempête et naufrage, incendies du tremblement de terre de Lisbonne, feux des bûchers de l’Inquisition, palais vénitiens, etc. Deux musiciens au plateau accompagnent la joyeuse troupe d’acteurs accentuant l’ironie du texte en entonnant par exemple une chanson connue dont les paroles font écho à une phrase du texte, se mettant à jouer Kalinka pour l’arrivée des Russes ou nous embarquant dans un film de Jacques Demy. L’appel à l’imagination et à l’humour habitent toute la mise en scène. Ainsi en guise de moutons, ce sont deux valises en fausse fourrure rouge qu’emporte Candide en quittant Eldorado.

Arnaud Meunier n’a pas écrit des dialogues mais a adapté le texte en confiant les mots de Voltaire à huit acteurs-conteurs qui, à l’exception de Candide, jouent plusieurs rôles. Un vrai travail de troupe qui fait une place à deux jeunes comédiens talentueux issus de l’École de la Comédie de Saint-Étienne, Romain Fauroux dans le rôle de Candide et Manon Raffaelli dans celui de Cunégonde.

Un spectacle joyeux, musical, populaire et intelligent, à voir toutes affaires cessantes !

Micheline Rousselet

Jusqu’au 18 février au Théâtre de la Ville-Espace Cardin, 1 avenue Gabriel, 75008 Paris – du mardi au vendredi à 20h, le samedi à 15h et 20h –

Réservations : 01 42 74 22 77 ou theatredelaville-paris.com

En tournée ensuite : 22 et 23 février Les Quinconces au Mans, 9 au 11 mars au Jeu de Paume à Aix-en-Provence, 23 et 24 mars à la Comédie de Saint-Etienne


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