Deux regards sur cette pièce :

Direction artistique et chorégraphie de Mourad Merzouki

Conception musicale: Quatuor Debussy et AS’N.

Quatre musiciens sont assis à l’avant de la scène, deux violons, un alto et un violoncelle, le Quatuor Debussy. Toujours curieux d’insolite, il n’a pas hésité à se lancer dans cette aventure improbable. Au centre un ring caché d’où émerge soudain un poing ganté de rouge, puis un second puis toute une escouade. Ces poings deviennent ballet de marionnettes qui se regardent, s’abattent, se redressent et quand le rideau se lève découvrant un ring de boxe, on est face à un amas de corps entremêlés aux mains gantées de rouge. Sept garçons et une fille, rodés au hip-hop, se lancent en duos, en trios, tous ensemble dans un combat où alternent la violence, la douceur et même la douleur de la défaite. Un gros sac de frappe se balance, des sacs rouges plus petits lancés par les danseurs les frappent ou passent de l’un à l’autre. Huit corps lancés dans un tourbillon de coups de poings, de pieds et avec l’énergie du hip-hop sans le moindre désaccord, c’est magnifique.

Théâtre : Boxe, boxe
Théâtre : Boxe, boxe

Le chorégraphe Mourad Merzouki, grande figure du hip-hop depuis les années 1990 a imaginé cette rencontre entre la musique, la danse et la boxe. Les époques se télescopent avec des musiques de Schubert, Verdi, Philip Glass mais aussi des créations de AS’N, les genres se mêlent, la poésie avec des grands sièges en arabesques sur lesquelles se déplacent les musiciens comme sur des nuages, l’humour, avec un personnage au torse en ballon et des petites jambes courtes qui fait penser à Hardy mais aussi au Charlie Chaplin de Charlot Boxeur.

Le spectateur est toujours surpris, observant les épousailles du sport, de la musique classique et de la danse, les glissements de la poésie à l’humour, de la force à la douceur et à la légèreté. Il sort de la salle admiratif et joyeux.

Micheline Rousselet

Pour Mourad Merzouki, la boxe c’est de la danse .Il conteste l’idée reçue qui assimile la boxe à la violence alors que, dans les esprits, la danse est synonyme de grâce et de légèreté.

Pour lui, la violence et la légèreté se retrouvent dans chacune des deux pratiques.

Et c’est sur cette base qu’il a construit son spectacle.

«Boxe boxe » bénéficie de plusieurs atouts. Le premier quart d’heure inventif rendu magique par un contraste de couleurs et un jeu de lumières savant est enchanteur.

S’en suivent un enchaînement des numéros virtuoses, vertigineux, en solos et en duos qui mêlent intimement le rap, la gestuelle de combats de boxe et la danse.

La présence sur scène des musiciens du quatuor Debussy jouant Maurice Ravel, Giuseppe Verdi, Félix Mendelssohn ou Franck Schubert est une superbe idée et le concert qui nous est donné d’entendre suffirait presque à notre plaisir de spectateur.

Pourtant ce spectacle qui fascine le spectateur par la virtuosité de ses numéros individuels ou en duos souffre d’une réserve.

Elle concerne certaines chorégraphies mettant en présence sur le plateau, des groupes de danseurs.

Ici, le mélange danse-boxe trouve ses limites.

Certains de ces moments à la chorégraphie répétitive affaiblissement le rythme du spectacle et les danseurs semblent s’y perdre et manquer de maîtrise.

Il faut attendre le numéro suivant pour être à nouveau sous le charme.

Mais globalement l’ensemble reste de bonne tenue et le spectacle est assez adroit pour emporter l’enthousiasme d’un public et finir sous un tonnerre d’applaudissements.

Francis Dubois

Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h, relâche le 4 juin

Théâtre du Rond-Point

2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 44 95 98 21


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