Sur scène, un grand écran de cinéma sur lequel vont défiler des extraits puisés dans 160 films hollywoodiens, des blockbusters, privés de sons et de paroles. Devant, un bric à brac d’objets divers, du matériel de sono et, à l’œuvre, 3 comédiens et 2 musiciens qui parlent, bougent et chantent, en synchronisation parfaite avec ce qui se passe sur l’écran. Le produit est un « mashup », c’est à dire la fusion de plusieurs plans de films différents, à des fins parodiques. L’histoire ? Mortier, le patron des patrons, s’inquiète avec tous ses confrères du projet du gouvernement, qui vise à instaurer une taxe sur les très hauts revenus dans le cadre du nouveau plan d’austérité. Ils s’y opposent bien sûr et arguent que cela ferait fuir les investisseurs. Dans le même temps, une journaliste d’investigation a mené une enquête sur ces grands patrons qui parviennent à échapper à l’impôt via des sociétés offshore. Elle est placardisée, mais refuse de plier. La riposte s’organise, le ton monte, une étincelle va mettre le feu aux poudres et déclencher une révolte citoyenne.

théâtre : blockbuster
théâtre : blockbuster

Le Collectif Mensuel, une très talentueuse compagnie belge, nous offre ce qui ressemble à un blockbuster avec ses méchants (Michael Douglas et Tom Cruise) et ses gentils (Julia Roberts, Sean Penn), ses courses-poursuites (Sylvester Stallone, inénarrable à son corps défendant), ses explosions et ses mouvements de foule spectaculaires. Mais le sens de ces grosses productions est complètement détourné. Á l’idéologie capitaliste est substituée une fable sur la violence de la classe dominante à l’égard du peuple. Rien de didactique dans leur propos, ils se situent plutôt dans la lignée de Brecht pour qui le théâtre n’est pas là pour résoudre les contradictions mais pour les exacerber. En outre le décalage entre les images et ce que l’on peut savoir du contenu des films (mais ce n’est pas indispensable), les dialogues mis au service d’un autre propos, le côté artisanal du bruitage (saviez-vous que l’on peut rugir comme le lion de la Goldwin Mayer en soufflant dans un seau ?) nous oblige à sortir de la fascination des images. La qualité des acteurs nous entraîne avec les mêmes images dans un autre univers.

Il y a derrière le spectacle un travail formidable. Juliette Achard, une monteuse professionnelle a réussi à assurer avec une précision exceptionnelle le montage des plans-séquences choisis avec un même acteur saisi dans des films différents pour les besoins du texte, sans que cela ne choque. L’agencement de ce qui est sur l’écran et de ce qui se passe sur scène est tout aussi réussi. On a vraiment l’illusion que le son vient de l’image.

Et puis on rit beaucoup, on n’en sort pas prêt à prendre les armes, c’est une fable, mais on sort joyeux et avec l’envie de se mobiliser. Courez-y !

Micheline Rousselet

Mardi et vendredi à 20h30, mercredi, jeudi et samedi à 19h30, dimanche à 16h

Théâtre 71

3 place du 11 novembre, 92240 Malakoff

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 55 48 91 00

Tournée ensuite Cournon d’Auvergne le 9 décembre, Valence les 13 et 14 décembre, Besançon du 14 au 17 mars, Brest le 25 mars,, les 11 et 12 avril à Chambéry, etc.


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