Après le féminisme abordé dans Mon Olympe et la collapsologie avec Yourte, c’est à l’âgisme que s’attaque la compagnie Mille Printemps avec Biques. Dès l’entrée dans la salle, les spectateurs sont accueillis par la troupe comme s’ils étaient parents des résidents ou résidents de l’EHPAD. Le public est djà dans l’action.

Gabrielle Chalmont-Cavache, la metteuse en scène et autrice et Marie-Pierre Nalbanbian, la co-autrice, ont élaboré le texte en collaboration avec la troupe lors d’une immersion pendant un an dans l’EHPAD de Montlieu-la-Garde. Parallèlement elles ont proposé à plusieurs générations du territoire de Haute Saintonge de se rencontrer lors d’ateliers de théâtre (jeux, écriture, expression corporelle et débats) autour du thème de l’âgisme. Tous ces échanges ont permis d’enrichir le travail de création d’où une pièce d’un très grand réalisme et d’une grande justesse.

C’est l’histoire de neuf femmes d’âges différents qui se rencontrent un jour dans un EHPAD : le personnel, les résidentes et la mère et la fille d’une future résidente. Dans un décor plus vrai que nature (salle commune, bureau d’accueil, télévision, couloir derrière les vitres, chaises oranges), les spectateurs vont assister à la vie quotidienne de l’établissement que la mairie souhaite délocaliser à la périphérie de la ville pour selon les mots du maire « revitaliser le centre-ville » autrement dit : cacher ces vieux que je ne saurais voir. Tous les thèmes liés à l’âgisme vont alors défiler sous nos yeux à un rythme effréné et nous faire rire malgré leur gravité : l’investissement dans le travail qui broie la vie personnelle, les relations familiales, professionnelles, entre les hommes et les femmes. La jeune directrice de l’EHPAD qui doit à la fois répondre aux exigences de la mairie et faire ses preuves auprès de son personnel et des résidents fait une crise de nerfs. Aïcha, la cinquantaine, culpabilise à l’idée de laisser sa mère en maison de retraite et se fait sermonner par sa fille quand elle annonce qu’elle veut faire un road-trip avec sa copine. Brigitte, l’éternelle vacataire qui n’arrive pas à passer le concours d’aide-soignante à cause de la fracture numérique, est abandonnée par son mari pour une plus jeune et inversement, sa jeune collègue est fière de fréquenter un homme plus âgé qu’elle. Ces échanges parmi d’autres montrent que les femmes sont les principales victimes de l’âgisme et nous amènent à réfléchir sur nos comportements, nos façons de vivre, de penser et d’agir.

Les résidents font l’objet également de toutes les attentions d’un personnel bienveillant et dévoué et sont associés à la réflexion commune. Il est à souligner avec quels réalisme, humour et tendresse, les problèmes de mobilité et d’expression sont joués par les comédiens aux rôles interchangeables.

Les témoignages vidéo des résidentes de l’EHPAD dans lequel la troupe a séjourné nous touche au plus profond.

La lutte contre la volonté de la ville de déménager l’établissement à la périphérie va déclencher entre toutes les femmes (personnel et résidentes) une belle solidarité et complicité intergénérationnelles et donnent lieu à des scènes comiques.

Un très beau spectacle complet et plein d’humanité, joué par une troupe d’excellentes comédiennes, à voir absolument.

Frédérique Moujart

Avignon. Festival off  du 7 au 26 juillet à 16h15 au théâtre des Carmes-6 place des Carmes. Relâche le 20 juillet.

Réservation : 04 90 82 20 47 ou www.theatredescarmes.com

En tournée :

-samedi 12 novembre au Palais des rencontres, Champagne-sur-Seine (77) 

-mardi 15 novembre au Théâtre de Chelles (77) 

-jeudi 17 novembre au Théâtre Municipal de Coulommiers (77) 

-samedi 19 novembre à La Courée, Collégien (77) 

-du mardi 7 au vendredi 24 mars 2023 (relâches les dimanches) au Théâtre 13, Paris 

-mardi 4 avril  à La Ferme Corsange, Bailly-Romainvilliers (77)

-vendredi 7 avril à l’Atalante, Mitry-Mory (77)   

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