Depuis 2012 Ahmed Madani s’intéresse avec sa compagnie au destin de la jeunesse des quartiers populaires. Après deux opus consacrés aux jeunes hommes, dont Illuminations en 2012, deux consacrés aux jeunes femmes dont F(l)ammes en 2016 et un consacré aux rapports entre les hommes et les femmes, Incandescences en 2021, Ahmed Madani retrouve une des actrices de F(l)ammes pour une aventure singulière.

Anissa n’a pas connu son père. Par sa mère elle n’a obtenu que très peu d’informations et une minuscule photo un peu floue. Pourtant un jour elle est sûre de le reconnaître dans un documentaire de la télévision. Ahmed Madani, fasciné par son histoire, décide de l’accompagner à la rencontre de ce père et d’en faire le récit. Ce faisant il découvre que, en plongeant dans la vie d’Anissa, il plonge aussi dans la sienne. Anissa a demandé à Ahmed Madani d’être sur scène à ses côtés. Le temps de son récit, qui ressemble à un conte oriental, elle confectionne des pralines et des fondants au chocolat qu’elle distribue généreusement à tous les spectateurs à la fin.

Sur scène Anissa est face à un plan de travail avec tous ses instruments de pâtisserie et le four est chaud. Ahmed Madani est dans un coin face à un ordinateur. Un écran plat sur le mur renvoie aux ingrédients nécessaires à la pâtissière ou aux lieux où va la conduire la recherche de son père. Elle parle avec vivacité et naturel. Ahmed Madani intervient parfois, relance, souligne un fait avec malice. De temps à autre l’un ou l’autre des deux personnages interpelle le public pour lui demander son avis, fait même monter un spectateur sur scène, cassant ainsi le quatrième mur. Mais est-ce bien la vérité de cette recherche que racontent les deux complices ? Il y a des éléments surprenants dans cette histoire, quelques petites contradictions, des choses qui demanderaient à être précisées. Mais il y a aussi des éléments qui sonnent très vrais comme ce refus de reconnaître son enfant d’autant plus qu’il s’agit d’une fille. Le spectateur a envie de tout croire mais il ne peut s’empêcher de supputer et de chercher à démêler le vrai du faux.

C’est probablement la pièce où Ahmed Madani a poussé le plus loin ce qui fait le plaisir du spectateur dans ses pièces : être au plus près de l’histoire racontée et des moments de vie présentés, s’interroger, douter, supputer. Avec malice il accompagne dans sa recherche Anissa et c’est elle qui séduit le public par sa générosité joyeuse, son humour, sa faconde et sa grâce.

Micheline Rousselet

Du 4 au 6 janvier au Grand T à Nantes avec 4 représentations scolaires, du 9 au 11 janvier à l’Espace Boris Vian des Ulis (91) avec 4 représentations scolaires et 1 tout public, 16 et 17 janvier au Théâtre de Cusset avec 4 représentations scolaires, 13 au 17 février aux Passerelles de Pontault-Combault (77) avec 2 représentations scolaires et 3 tout public puis en mars et avril des représentations scolaires et tout public à Yverdon-les-Bains en Suisse et à Bruxelles

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