On sait la puissance des liens qui unissent souvent un metteur en scène et ses comédiennes. En cherchant comment jouer la séduction, la naissance de l’amour, la passion, la lassitude qui s’installe, le désir qui s’étiole, la défaite qui l’emporte avec l’explosion des conflits, le metteur en scène et ses comédiennes sont au cœur de l’intime et la vie s’empare de la scène. Ingmar Bergman, qui a tant travaillé dans ses films comme dans ses mises en scène au théâtre sur les relations entre les hommes et les femmes, est souvent tombé sous le charme de ses actrices et a entretenu des liaisons avec plusieurs d’entre elles. Franck Vercruyssen, du TG Stan, un collectif délibérément tourné vers le jeu de l’acteur, mettant au cœur de son travail un engagement rigoureux à l’égard du personnage et de ce qu’il raconte, a adapté le scénario qu’avait écrit Bergman pour un téléfilm Après la répétition .

Théâtre : Après la répétition
Théâtre : Après la répétition

Après la répétition de la pièce d’August Strindberg, Le songe, le metteur en scène Henrik Vogler s’attarde au théâtre. Anna, sa jeune comédienne, souhaite parler et reste là aussi. Il se trouve que Vogler a déjà monté vingt-trois ans auparavant la pièce. La mère d’Anna, qu’il a aimée et qui est décédée depuis, y tenait le rôle que sa fille s’apprête à jouer à son tour. Entre Vogler et Anna s’installe une conversation complice, parfois conflictuelle, non dénuée d’humour, souvent ambiguë où le passé cogne le présent et où ce qui se passe sur la scène impacte la vie.

Franck Vercruyssen incarne ce metteur en scène qui aime les comédiens, « leur courage et leur sincérité ». Finalement c’est aussi parce qu’elles étaient de bonnes comédiennes qu’il a aimé ses actrices. Il exprime admirablement la lassitude après l’intense réflexion de la journée de répétition. L’amour disparu n’empêche pas la jalousie. Le travail et les sentiments se télescopent. Il a fait appel à Georgia Scalliet, sociétaire de la Comédie Française pour lui donner la réplique dans ce face-à-face à la fois drôle et cruel. Elle incarne avec un naturel confondant la jeune Anna, insolente mais aussi inquiète de souffrir de la comparaison avec sa mère jouant le même rôle vingt ans auparavant. Elle a l’impudeur de la jeunesse, ses hésitations. Elle est aussi Raquel des années avant. Elle en a les déchirures, la fuite dans l’alcool, le choix cornélien entre le métier et l’amour. Elle est drôle puis poignante. Un duel passionné et passionnant de comédiens.

Micheline Rousselet

1er, 2, 3, 4, 9, 10 et 11 novembre à 18h, 6, 7, 12, 13, 14 novembre à 19h30, relâche les 5 et 8 novembre

Théâtre de la Bastille

76 rue de la Roquette, 75011 Paris

Réservations (partenariat Réduc’snes tarifs réduits aux syndiqués Snes mais sur réservation impérative) : 01 43 57 42 14


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